L’écrivain Paul-Loup Sulitzer, célèbre pour ses thrillers financiers traduits en 40 langues et vendus à plus de 40 millions d’exemplaires, est décédé ce 6 février à l’île Maurice des suites d’un AVC. Sa fille Olivia Sulitzer a confirmé son hospitalisation après une chute, mettant fin à une carrière marquée par le succès et la controverse.
Un pionnier du “western financier”
Inventeur du thriller économique, Paul-Loup Sulitzer révolutionne l’édition avec Money (1980), un roman qui se vend à 2,5 millions d’exemplaires. Il y met en scène Franz Cimballi, un jeune financier en quête de justice après avoir été spolié de son héritage, incarnant ainsi l’ambivalence morale du monde des affaires.
Son ascension fulgurante repose sur un marketing agressif et des collaborations littéraires controversées. Le “système Sulitzer”, qu’il assumera dans son autobiographie Monstre sacré(2013), repose notamment sur la plume de Loup Durand, journaliste et écrivain, qui aurait écrit ses premiers romans.
Malgré ses best-sellers comme Le Roi vert (traduit en 30 langues), son influence diminue avec le temps. En 2015, son roman Money 2 ne dépasse pas 1 300 ventes, un chiffre bien loin de ses succès d’antan.
Un parcours entre fortunes et scandales
Ancien PDG à 21 ans, Paul-Loup Sulitzer bâtit sa légende sur un parcours entrepreneurial précoce. D’abord vendeur de gadgets dans les années 1960, il devient une figure incontournable du monde financier avant de connaître d’importants revers économiques.
En 2009, il est condamné à 15 mois de prison avec sursis dans le cadre de l’Angolagate, une affaire de vente d’armes illégales vers l’Angola qui éclabousse également des figures politiques.
À son apogée, Sulitzer gagnait jusqu’à 200 000 euros par mois, mais il termine sa vie avec une retraite modeste de 1 500 euros, un contraste frappant pour cet habitué des cercles mondains où il côtoyait des personnalités comme Johnny Hallyday et Jacques Chirac.
L’héritage d’un phénomène éditorial
Avec des ventes estimées entre 40 et 60 millions d’exemplaires, Paul-Loup Sulitzer laisse une empreinte durable dans le paysage littéraire. Ses thrillers politico-financiers ont marqué leur époque et inspiré de nombreux auteurs.
Exilé à l’île Maurice depuis 2014, il y trouve un dernier refuge. Son roman L’Empire du nénuphar(2011), où il referme l’épopée Cimballi, apparaît comme une métaphore de sa propre trajectoire, entre excès, succès et chute.