La plateforme française devient pionnière en signalant explicitement les albums contenant des titres 100% artificiels. Selon les dernières données de juin 2025, cette innovation s’appuie sur une technologie maison fiable à 98% pour détecter les signatures acoustiques de l’IA générative. Une réponse directe à l’explosion de contenus synthétiques qui représentent désormais 18% des nouveaux uploads quotidiens.
Une première mondiale dans l’industrie du streaming
D’après les informations révélées par Alexis Lanternier à l’AFP, la société française franchit un cap historique en déployant le premier système d’identification au monde pour les créations musicales entièrement artificielles. Cette initiative s’inscrit dans la continuité du déploiement de son outil de détection IA, qui a révélé qu’environ 18 % de la musique mise en ligne chaque jour – soit plus de 20 000 titres – est entièrement générée par des modèles d’intelligence artificielle.
La mention « Contenu généré par IA, certains morceaux de cet album peuvent avoir été créés à l’aide de l’intelligence artificielle » apparaît désormais sur les albums concernés. Cette transparence vise à informer les 9,7 millions d’utilisateurs de la plateforme, essentiellement concentrés en France.
Une technologie de pointe développée en interne
L’outil de détection de Deezer établit une norme de l’industrie, avec la capacité de détecter 100% des musiques générées par IA provenant même des modèles d’IA génératives les plus prolifiques — tels que Suno et Udio. Le directeur général explique la méthode : les algorithmes d’intelligence artificielle laissent des traces acoustiques spécifiques, invisibles à l’oreille humaine mais détectables dans l’analyse du signal audio.
Cette technologie propriétaire, développée sur une année complète, a fait l’objet de deux demandes de brevet déposées fin décembre 2024. De plus, Deezer a fait des progrès significatifs dans la création d’un système généralisé, capable de détecter le contenu généré par IA sans ensemble de données spécifique pour l’entraînement.
Une explosion préoccupante des contenus artificiels
Les chiffres communiqués par la plateforme révèlent une progression spectaculaire. Cette augmentation par rapport aux 10% comptabilisés en début d’année témoigne de l’accélération du phénomène. Selon les analyses internes de janvier 2025, environ 10 000 pistes quotidiennes étaient alors identifiées comme artificielles, contre plus de 20 000 aujourd’hui.
Ces contenus, réalisables via des applications spécialisées comme Suno et Udio, sont souvent diffusés dans un objectif purement commercial pour capter une part des revenus de streaming. Toutefois, jusqu’à 70 % des écoutes de morceaux générés par intelligence artificielle présents sur le service seraient frauduleuses, révélant un écosystème de manipulation des métriques d’audience.
Stratégie de protection des droits d’auteur
Face à cette déferlante, Deezer a adopté une approche équilibrée. Les morceaux détectés ne sont pas supprimés mais exclus des calculs d’écoutes et des recommandations algorithmiques. Cette décision vise à préserver l’assiette de royalties destinée aux artistes humains, conformément à l’accord signé en janvier avec la Sacem.
Nous réaffirmons également notre engagement à défendre les droits des artistes et des auteurs, dans un contexte où le droit d’auteur est mis sous pression par le développement de l’IA, précise le communiqué officiel de la plateforme.
Spotify maintient la pression tarifaire
Dans ce contexte concurrentiel, le géant suédois Spotify a annoncé une nouvelle hausse de ses abonnements en France, effective depuis juillet 2025. Tous les forfaits Spotify Premium subissent une augmentation significative, avec une hausse moyenne de 14% par rapport aux prix actuels. L’abonnement individuel passe ainsi à 12,14 euros mensuel, contre 11,12 euros précédemment.
Cette troisième augmentation en moins de deux ans pour les 268 millions d’abonnés premium de Spotify contraste avec la stabilité tarifaire maintenue par Deezer. Interrogé sur une éventuelle hausse, Alexis Lanternier temporise : « ce n’est pas prévu dans les mois qui viennent mais c’est quelque chose qui arrivera forcément », évoquant les pressions inflationnistes du secteur.
Un enjeu industriel majeur
L’initiative de Deezer s’inscrit dans un débat plus large sur l’avenir de la création musicale. Selon une étude de la CISAC et PMP Strategy, près de 25% des revenus des créateurs pourraient être menacés d’ici 2028 par l’essor de l’intelligence artificielle, représentant potentiellement 4 milliards d’euros.
Cette prise de position pourrait inspirer d’autres acteurs du streaming. Apple Music, Amazon Music et YouTube Music n’ont pas encore communiqué sur des mesures similaires, laissant Deezer seul dans cette démarche de transparence face aux défis de l’ère numérique.