La rémunération des livreurs Uber Eats continue de chuter, malgré les promesses d’amélioration.
Depuis 2021, les coursiers à vélo ou en scooter travaillant pour Uber Eats et d’autres plateformes de livraison subissent une baisse constante de leurs revenus. Derrière l’image pratique des applis de livraison, la réalité pour ceux qui sillonnent les rues est bien plus sombre : temps d’attente allongés, frais en hausse, et revenus en berne.
Une précarisation croissante malgré les engagements
En 2023, un accord avait fixé une rémunération minimale horaire brute de 11,75 €, censée protéger les livreurs. Mais dans la pratique, cette promesse est souvent loin d’être tenue. La moyenne réelle chez Uber Eats serait de 10,10 € par heure, selon les données observées, bien en dessous de cette barre minimale.
Les raisons de cette baisse sont multiples. À commencer par l’augmentation du temps d’attente entre les courses, qui constitue un temps non payé mais pourtant incontournable dans leur activité.
Les causes de la chute des revenus
Voici les principaux facteurs qui expliquent cette baisse continue de la rémunération :
- Temps d’attente non rémunéré : Chez Uber Eats, il a bondi de 35,3 % depuis 2021. Deliveroo affiche également une hausse de 16,9 %.
- Allongement des trajets : Les livreurs sont contraints de s’éloigner des centres-villes, impliquant des frais supplémentaires liés à l’usage de véhicules motorisés.
- Inflation et contexte économique : Même les meilleurs créneaux de livraison ne suffisent plus à compenser l’augmentation du coût de la vie.
- Saturation du marché : Le nombre croissant de livreurs accentue la concurrence et réduit le nombre de courses disponibles par personne.
Une réalité qui contredit les chiffres officiels
Du côté des plateformes, la version est toute autre. Uber Eats revendique un revenu horaire brut moyen de 20,50 € en 2024, tandis que Deliveroo annonce 26,31 € par heure « en course ».
Mais ces chiffres sont largement contestés par les livreurs et syndicats, qui pointent du doigt l’exclusion des temps d’attente et des frais professionnels (essence, assurance, entretien…).
Des données parlantes
L’étude des revenus sur trois ans montre une tendance nette à la baisse :
Plateforme | Revenu horaire brut 2021 | Revenu 2024 | Baisse observée |
---|---|---|---|
Uber Eats | 11,90 € | 10,10 € | -34,2 % |
Stuart | 11,30 € | 8,30 € | -26,6 % |
Deliveroo | 11,00 € | 8,50 € | -22,7 % |
Par livraison, les gains moyens atteignent désormais seulement 4,50 € chez Uber Eats.
Mobilisation grandissante des livreurs
Face à cette situation jugée intenable, les syndicats et collectifs de livreurs ont intensifié leurs actions. En mars 2025, plusieurs centaines de travailleurs ont manifesté dans de nombreuses villes pour exiger :
- Une transparence totale des algorithmes de répartition des courses.
- Une rémunération calculée selon la distance et le temps réel de travail.
- Un encadrement strict du nombre de livreurs actifs pour éviter la concurrence déloyale.
Les revendications visent à obtenir plus de justice sociale et économique dans un secteur en pleine expansion mais encore très peu régulé.
Un modèle économique remis en cause
La promesse de flexibilité mise en avant par Uber Eats séduit de nombreux jeunes ou travailleurs précaires. Mais en réalité, l’absence de droits sociaux (congés payés, arrêt maladie, cotisations retraite…) combinée à des rémunérations décroissantes transforme cette activité en piège.
Les livreurs demandent une régulation plus stricte du secteur, à l’image de ce qui se fait déjà en Espagne ou au Portugal, où certaines protections ont été instaurées pour les travailleurs des plateformes.
Conclusion
Malgré les annonces des plateformes et quelques mesures symboliques, la réalité du terrain montre une précarité grandissante pour les livreurs Uber Eats. Tant que les temps d’attente, les frais réels et la concurrence ne seront pas pris en compte dans le calcul de leur rémunération, les revenus resteront insuffisants pour vivre dignement de cette activité.
Question | Réponse |
---|---|
Combien gagne un livreur Uber Eats en 2024 ? | En moyenne, 10,10 € brut de l’heure selon les données observées, bien en dessous des 20,50 € revendiqués par la plateforme. |
Pourquoi les revenus des livreurs baissent-ils ? | À cause de l’allongement des temps d’attente non rémunérés, des trajets plus longs, de l’inflation et d’une concurrence accrue. |
Quels sont les frais à la charge des livreurs ? | Essence, assurance, entretien du véhicule, équipements de sécurité, smartphone et forfait internet. |
Y a-t-il eu des manifestations récemment ? | Oui, en mars 2025, plusieurs centaines de livreurs ont protesté contre leurs conditions de travail dans plusieurs villes françaises. |

Journaliste et fondateur du site Stéphane Larue News.
Passionné par les médias, le divertissement et l’actualité numérique, il suit au quotidien les sujets culturels et sociétaux.
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