Le projet de loi visant à rapprocher les grands médias publics a été brutalement interrompu à l’Assemblée nationale, suite à un incident entre Rachida Dati et une administratrice.
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Un échange tendu en commission a mis à l’arrêt l’examen du texte sur la création de la holding « France Médias ». Une suspension qui relance le débat sur l’avenir de l’audiovisuel public et alimente la grogne syndicale.
Un accrochage en coulisses provoque la suspension des débats
Le climat s’est brusquement tendu mardi soir à l’Assemblée nationale lors de l’examen du projet de loi sur l’audiovisuel public. Un échange musclé entre Rachida Dati, ministre de la Culture, et une administratrice parlementaire a conduit à l’interruption immédiate des travaux en commission.
L’incident s’est produit en marge de la séance, durant une pause. Selon les proches de la ministre, aucun propos injurieux n’aurait été tenu, mais la présidente de la commission des affaires culturelles, Fatiha Keloua Hachi, a dénoncé une « prise à partie inacceptable » de la fonctionnaire. Elle a alors décidé de suspendre l’examen du texte, déclenchant une onde de choc au sein de l’hémicycle.
Une réforme majeure pour l’audiovisuel public
Le projet de loi vise à regrouper France Télévisions, Radio France et l’INA sous une même entité baptisée France Médias, inspirée du modèle allemand ou italien. Cette holding serait placée sous une gouvernance centralisée, avec pour ambition de renforcer la coopération entre ces acteurs et de mieux répondre aux mutations du secteur, notamment face à la concurrence des plateformes.
Adopté en première lecture par le Sénat en 2023, le texte exclut France Médias Monde – qui regroupe notamment RFI et France 24 – du périmètre de la nouvelle structure. Cette exclusion soulève de vives inquiétudes chez les syndicats et plusieurs parlementaires, qui redoutent une marginalisation de l’audiovisuel extérieur de la France.
Une contestation sociale en pleine montée
La réforme a suscité une forte mobilisation syndicale. Deux journées de grève ont été organisées pour protester contre le projet. À Radio France, la participation a atteint 72 % chez les journalistes, traduisant un large rejet de la réforme. En revanche, France Télévisions a enregistré un taux plus faible, avec seulement 9 % de grévistes.
Les syndicats dénoncent un projet porté avant tout par des considérations économiques, au détriment de l’indépendance éditoriale et de la diversité des missions de service public. Ils craignent une mise sous tutelle de leurs rédactions, dans un contexte déjà tendu par les restrictions budgétaires.
Une adoption encore incertaine
Initialement prévu pour être examiné en séance plénière le 10 avril, le projet pourrait être repoussé en raison d’un calendrier parlementaire chargé. Malgré les critiques, Rachida Dati reste déterminée à faire aboutir la réforme d’ici l’été 2025. Pour elle, cette restructuration est indispensable afin de préparer les médias publics aux défis de demain, notamment la transition numérique et la compétition accrue avec les géants du streaming.
Cependant, le climat politique tendu autour du texte, combiné à la mobilisation sociale et aux tensions internes à la commission, pourrait freiner ce calendrier ambitieux.
Un enjeu stratégique pour l’État
Derrière cette réforme, c’est la stratégie de l’État face à la transformation du paysage médiatique qui est en jeu. La création d’un pôle unifié pourrait permettre des synergies économiques, mais aussi soulever des questions fondamentales sur la mission de service public, l’indépendance des rédactions et la place des territoires dans la production de contenus.
Le gouvernement devra convaincre non seulement les parlementaires, mais aussi les salariés et l’opinion publique, que cette réforme ne marque pas une recentralisation technocratique.
Question fréquente | Réponse |
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Quel est le but de la holding France Médias ? | Elle vise à regrouper France Télévisions, Radio France et l’INA sous une même structure pour renforcer leur coordination et mutualiser certaines fonctions. |
Pourquoi France Médias Monde est-elle exclue ? | Le gouvernement souhaite maintenir une autonomie pour l’audiovisuel extérieur de la France, notamment en raison de ses spécificités diplomatiques et internationales. |
Quand le texte sera-t-il examiné en séance ? | La date prévue est le 10 avril, mais elle pourrait être repoussée selon l’évolution du calendrier législatif. |

Journaliste et fondateur du site Stéphane Larue News.
Passionné par les médias, le divertissement et l’actualité numérique, il suit au quotidien les sujets culturels et sociétaux.
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