Crise des médicaments : les laboratoires dans le viseur de Cash Investigation

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Pour le troisième hiver consécutif, la France est confrontée à une pénurie inquiétante de médicaments essentiels. En 2023, près de 5 000 références de médicaments ont été en rupture ou en tension d’approvisionnement dans les pharmacies françaises. Cette situation alarmante soulève de nombreuses questions sur les responsabilités et les enjeux de l’industrie pharmaceutique.

L’antibiotique le plus prescrit en France, l’amoxicilline, est particulièrement touché par ces pénuries. L’hiver dernier, des millions de boîtes manquaient pour soigner des infections courantes comme les otites, les angines ou les sinusites. Cette situation a conduit l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à prendre des mesures exceptionnelles, comme la limitation des prescriptions à cinq jours au lieu de dix habituellement.

Les racines d’une crise complexe

La pénurie de médicaments en France a des origines multifactorielles. La dépendance aux importations est un facteur majeur, avec 40% des médicaments génériques produits par seulement deux laboratoires dans le monde. De plus, la plupart des usines de matières premières sont localisées en Asie. Des problèmes de production, tels que des difficultés lors de la fabrication des matières premières ou des produits finis, ainsi qu’une capacité de production insuffisante, sont également pointés du doigt.

Stratégies industrielles en question

Certains laboratoires pharmaceutiques concentrent leur activité sur de nouveaux produits à forte marge, abandonnant l’exploitation de produits matures moins rentables. Cette stratégie soulève des interrogations sur la responsabilité sociale des entreprises du secteur.

Le cas des traitements innovants

Le cas des traitements innovants contre la mucoviscidose illustre les dilemmes éthiques auxquels est confrontée l’industrie pharmaceutique. Le laboratoire Vertex, qui produit un médicament améliorant considérablement la qualité de vie des patients, limiterait l’accès à son traitement aux pays acceptant d’en payer le prix fort.

Vers des solutions pérennes

Face à cette crise, plusieurs pistes sont envisagées. La relocalisation de la production est évoquée pour réduire la dépendance aux importations et reconquérir une forme de souveraineté sanitaire française. Le renforcement des stocks est également à l’étude, avec l’obligation pour les industriels de constituer des stocks de sécurité de quatre mois pour certains médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. Enfin, l’amélioration de la distribution est envisagée, notamment via l’approvisionnement exclusif par les grossistes répartiteurs pour l’amoxicilline pédiatrique.

La pénurie de médicaments en France révèle les tensions entre les objectifs économiques de l’industrie pharmaceutique et les enjeux de santé publique. Le débat qui suivra la diffusion de Cash Investigation, jeudi 9 janvier à 21.05 sur France 2 et sur france.tv, promet d’apporter un éclairage crucial sur ces questions, avec la participation d’acteurs du secteur, de responsables politiques et d’experts.

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