Selon Mediapart, le groupe de Vincent Bolloré aurait demandé à ses abonnés ayant des problèmes techniques de patienter jusqu’à 40 minutes devant CNews pour réactiver leurs droits. Une pratique qui interroge sur l’instrumentalisation de l’audience.
Les 3 points essentiels :
- Canal+ aurait dirigé ses abonnés vers CNews pendant 10 à 40 minutes lors de réactivations techniques
- Cette pratique se serait étalée sur presque un an selon les révélations de Mediapart
- CNews est devenue la première chaîne d’info de France en 2024 avec 2,9% de part d’audience
Ce qui se serait passé
Selon les révélations de Mediapart, Canal+ aurait mis en place un système controversé pour ses abonnés. Pendant presque un an, les clients du groupe de Vincent Bolloré qui auraient perdu temporairement leurs droits d’accès auraient été contraints de patienter devant CNews.
La consigne aurait été claire : regarder la chaîne d’information du groupe pendant 10 à 40 minutes, parfois jusqu’à une heure, pour pouvoir réactiver leur service. Cette pratique n’aurait concerné que les utilisateurs de décodeurs Canal+ officiels, pas ceux des box opérateurs.
Pourquoi c’est problématique
Cette révélation interroge sur les méthodes du groupe Bolloré pour booster l’audience de CNews. Car il faut dire que la chaîne traverse une période exceptionnelle : elle est devenue la première chaîne d’information de France en 2024, détrônant BFMTV qui tenait ce leadership depuis plus d’une décennie.
Avec 2,9% de part d’audience, CNews affiche depuis 2017 une hausse spectaculaire de 383% sur la tranche des « 4 ans et plus ». Un succès qui s’accompagne néanmoins de polémiques récurrentes autour de sa ligne éditoriale, décrite comme très ancrée à droite.
Ce que ça change
Si ces informations se confirment, cela révélerait une forme d’instrumentalisation des problèmes techniques à des fins d’audience. Obliger des centaines de milliers d’abonnés à regarder spécifiquement CNews pendant 10 à 40 minutes pourrait représenter un boost artificiel non négligeable pour la chaîne.
Cette pratique s’inscrirait dans un phénomène plus large que les observateurs appellent la « bollorisation » des médias français. Vincent Bolloré, qui contrôle le groupe Vivendi et par extension Canal+, détient aujourd’hui un empire médiatique incluant C8, CNews, Europe 1, le JDD et de nombreux magazines.