Le bannissement d’AD Laurent par TikTok relance en France le débat sur la modération des contenus sexuels, la protection des mineurs et la liberté d’expression des influenceurs.
Pourquoi TikTok a-t-il supprimé le compte d’AD Laurent ?
Une décision déclenchée par une alerte gouvernementale
Le 14 mai 2025, Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, a adressé une lettre officielle à TikTok France dénonçant les contenus publiés par l’influenceur AD Laurent. Selon elle, ses vidéos véhiculaient une image déformée de la sexualité, marquée par la violence, la domination masculine et le non-respect du consentement.
Le signalement évoquait également des séquences avec des jeunes filles dont l’âge restait incertain, des propos à connotation sexuelle fréquents et des pratiques jugées contraires aux valeurs d’égalité entre les sexes. Moins de 24 heures après cet avertissement, TikTok a désactivé le compte de l’influenceur, fort de plus de 1,8 million d’abonnés, pour non-respect de ses règles communautaires.
Les arguments avancés par TikTok et le gouvernement
La plateforme a justifié sa décision par l’interdiction des services à caractère sexuel sur son réseau. La ministre, de son côté, a salué cette réaction rapide, en rappelant que les réseaux sociaux ne sauraient échapper à la loi. Elle a insisté sur la nécessité de protéger les mineurs de contenus qu’elle qualifie de « toxiques » et de « sexistes ».
Quelles sont les réponses d’AD Laurent face aux accusations ?
Une contestation vigoureuse du créateur de contenus
Dans un communiqué relayé par plusieurs médias, AD Laurent a contesté fermement les reproches formulés à son encontre. Il affirme n’avoir jamais enfreint les règles de TikTok et se défend de toute dérive sexiste ou masculiniste. Il précise que ses productions explicites sont diffusées sur des plateformes adultes, avec des actrices majeures et consentantes.
Sur TikTok, il assure avoir promu des messages autour de l’égalité, du consentement et de la santé sexuelle. Il réfute toute diffusion de contenu impliquant des mineures, indiquant même avoir sensibilisé son public à l’utilisation de préservatifs et aux tests de dépistage IST.
Critique d’une suppression sans procédure contradictoire
AD Laurent déplore l’absence d’avertissement ou de dialogue préalable. Il estime avoir été « réduit au silence sans aucune possibilité de se défendre ». Il a saisi un avocat pour engager des discussions avec la ministre et TikTok, dans l’objectif d’éclaircir les faits reprochés et de relancer le débat sur les droits des influenceurs dans l’espace numérique.
Une audition parlementaire prévue pour juin 2025
La régulation des réseaux sociaux au cœur des débats
La commission d’enquête parlementaire sur l’impact psychologique de TikTok sur les jeunes a convoqué AD Laurent pour une audition prévue le 10 juin 2025. Cette instance souhaite entendre plusieurs créateurs de contenus afin de mieux comprendre les mécanismes d’influence en ligne, notamment en matière de sexualité, d’image de soi et de comportements à risque chez les mineurs.
L’objectif affiché est de clarifier les responsabilités des plateformes numériques dans la diffusion de contenus sensibles, tout en préservant la liberté d’expression des adultes dans un cadre légal défini.
Un cas révélateur des tensions entre liberté individuelle et protection collective
Vers une modération plus transparente des contenus ?
Cette affaire illustre la difficulté croissante de concilier la liberté de création sur les réseaux sociaux avec la nécessité de réguler les contenus inappropriés. Les plateformes comme TikTok sont régulièrement critiquées pour leur manque de transparence dans la gestion des signalements, ainsi que pour des modérations parfois automatisées et sujettes à controverse.
Dans le cas d’AD Laurent, la rapidité de la sanction et l’absence de procédure contradictoire posent la question du droit à la défense dans l’univers numérique. À l’inverse, les autorités rappellent leur devoir de vigilance face à des contenus pouvant heurter ou influencer négativement un public jeune et vulnérable.
Un débat sociétal amplifié par le numérique
Le bannissement d’AD Laurent dépasse le cadre individuel et reflète une évolution sociétale plus large autour de la sexualité, de la représentation des genres et des limites de la liberté d’expression en ligne. Cette affaire pourrait accélérer l’instauration de règles plus claires, tant pour les créateurs que pour les plateformes, dans une optique de protection des publics sans renoncer aux droits fondamentaux.