Le dernier jour du Festival de Cannes a été marqué par une panne d’électricité majeure touchant l’ouest des Alpes-Maritimes. Deux actes de sabotage distincts ont privé jusqu’à 160 000 habitants de courant pendant plusieurs heures, sans pour autant compromettre la cérémonie de clôture de la manifestation cinématographique.
Un double sabotage orchestré dans la nuit
Les premières défaillances électriques ont débuté vers 2 heures du matin avec un incendie criminel au poste électrique de Tanneron, dans le Var. Cette installation de 400 000 volts gérée par Réseau de transport d’électricité (RTE) constitue un maillon essentiel de l’alimentation électrique régionale. L’intervention des sapeurs-pompiers varois, mobilisant sept engins et vingt hommes, a permis de circonscrire les flammes vers 7 heures.
Un pylône partiellement détruit à Villeneuve-Loubet
Le second acte de vandalisme a été découvert dans la matinée sur la commune de Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes. Damien Savarzeix, procureur de la République de Grasse, a révélé que trois des quatre piliers du pylône haute tension alimentant Cannes avaient été sciés. Cette infrastructure cruciale achemine l’électricité depuis le réseau national de transport vers les communes littorales.
Laurent Hottiaux, préfet des Alpes-Maritimes, a dénoncé ces « actes graves de dégradations portant atteinte à l’intégrité des infrastructures électriques », soulignant leur caractère particulièrement préoccupant en période de forte affluence touristique.
Impact massif sur le littoral azuréen
La panne électrique a affecté l’ensemble des communes situées entre Antibes et la frontière varoise dès 10 heures. Mandelieu-la-Napoule, Vallauris, Théoule-sur-Mer et de nombreuses localités de l’arrière-pays ont été plongées dans l’obscurité. À Cannes, plusieurs horloges publiques se sont figées à 10h02, témoignant de la soudaineté de la coupure.
Les services de secours des Alpes-Maritimes ont comptabilisé une centaine d’interventions, principalement liées aux pannes d’ascenseurs bloqués. La circulation routière cannaise a été perturbée par l’arrêt des feux tricolores, nécessitant le déploiement d’agents de police pour réguler le trafic manuellement.
Répercussions sur les transports régionaux
Le réseau ferroviaire SNCF Connect a subi des perturbations significatives avec l’annulation de liaisons entre Grasse et Cannes, ainsi que des retards sur l’axe Les Arcs-Antibes. Les réseaux de télécommunications ont également connu des dysfonctionnements intermittents, compliquant les communications dans la zone sinistrée.
Le Festival de Cannes préservé
Malgré l’ampleur de la panne, le Palais des festivals a immédiatement basculé sur son système d’alimentation électrique autonome. Les organisateurs du 78e Festival de Cannes ont confirmé le maintien de l’ensemble des projections et événements programmés, incluant la cérémonie de clôture prévue en soirée.
Quelques projections matinales ont toutefois été brièvement interrompues, notamment au Cineum, cinéma indépendant cannois. Les équipes techniques ont travaillé en coordination avec RTE pour garantir la continuité des festivités malgré les difficultés techniques.
Rétablissement progressif et enquête judiciaire
L’électricité a commencé à être rétablie à partir de 14h30, avec un retour complet à la normale peu avant 17 heures. Cette restauration rapide témoigne de l’efficacité des équipes techniques de RTE et des services de maintenance régionaux.
Le parquet de Draguignan a ouvert une enquête confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie pour élucider l’incendie du transformateur de Tanneron. Les investigations portent également sur le sabotage du pylône de Villeneuve-Loubet, les deux actes présentant des similitudes troublantes.
Laurent Hottiaux a mobilisé « tous les moyens » pour identifier les auteurs de ces dégradations, évoquant des « actes attentatoires à l’intégrité de nos infrastructures » d’une gravité exceptionnelle. La concomitance de ces sabotages avec la clôture du Festival de Cannes interroge sur d’éventuelles motivations symboliques.
Cette double attaque contre les infrastructures électriques soulève des questions cruciales sur la sécurisation du réseau énergétique national et la vulnérabilité des installations stratégiques face aux actes malveillants.