Le Comité national contre le tabagisme alerte sur l’utilisation croissante de la 6-méthyl-nicotine dans les cigarettes électroniques. Cette molécule, commercialisée depuis début 2024, soulève des inquiétudes majeures concernant son potentiel addictif et ses risques pour les consommateurs.
Les 3 informations clés à retenir :
- Le Comité national contre le tabagisme dénonce l’usage de la métatine, molécule analogue de la nicotine présente dans certaines cigarettes électroniques vendues en France depuis début 2024
- Cette substance présenterait un risque de dépendance supérieur à la nicotine classique selon les experts, nécessitant des études approfondies pour confirmer son niveau d’addiction
- Plusieurs fabricants font l’objet de condamnations pour publicité illégale, notamment Aroma King qui présente ses produits comme étant sans nicotine malgré la présence de métatine
Une molécule controversée aux effets méconnus
La 6-méthyl-nicotine, plus communément appelée métatine, fait désormais partie du paysage des produits de vapotage européens. Cette molécule analogue de la nicotine a fait son apparition dans les cigarettes électroniques commercialisées en France et dans d’autres pays européens depuis le début de l’année 2024.
Anne Batisse, cheffe du centre d’addictovigilance de Paris, exprime ses préoccupations concernant cette substance. Elle indique qu’il existe un risque que la dépendance puisse survenir plus facilement avec cette molécule, tout en précisant que des études supplémentaires restent nécessaires pour établir avec certitude son niveau d’addiction. Pour contextualiser ces inquiétudes, elle rappelle que la nicotine figure déjà parmi les substances les plus addictogènes connues, surpassant même l’héroïne en termes de potentiel de dépendance.
Cette situation préoccupe particulièrement les professionnels de santé publique, qui s’interrogent sur les conséquences à long terme de l’utilisation de cette nouvelle molécule sur les consommateurs, notamment les plus jeunes.
Actions judiciaires contre les fabricants
Face à ces préoccupations, le Comité national contre le tabagisme a engagé des actions judiciaires contre plusieurs acteurs majeurs de l’industrie. Les géants du tabac British American Tobacco et Philip Morris ont été condamnés pour publicité illégale dans le cadre de cette affaire.
La société Aroma King fait également l’objet de poursuites particulièrement significatives. Cette entreprise présente ses produits contenant de la métatine comme étant « innovants, sans tabac ou sans nicotine » sur son site internet, une communication que le comité considère comme trompeuse pour les consommateurs.
Ces condamnations visent à clarifier l’information destinée au public et à empêcher les pratiques commerciales qui pourraient induire en erreur les utilisateurs sur la nature réelle des produits qu’ils consomment. La réglementation française sur le tabac encadre strictement la communication autour de ces produits.
Une stratégie de contournement réglementaire
Selon les analyses du Comité national contre le tabagisme, l’utilisation de la métatine par l’industrie du tabac répond à une logique de contournement des réglementations existantes. Ces règles limitent actuellement les concentrations maximales de nicotine autorisées dans les dispositifs de vapotage, ainsi que la capacité des réservoirs de ces équipements.
Cette approche soulève des inquiétudes particulières concernant l’exposition des populations jeunes et vulnérables à ces nouveaux produits. Les experts craignent que cette stratégie ne conduise un public non averti vers une dépendance à ces substances, sans qu’il en soit pleinement conscient au moment de l’achat.
Les autorités sanitaires françaises surveillent de près l’évolution de ce dossier, dans un contexte où les cigarettes électroniques font déjà l’objet d’un encadrement réglementaire strict pour protéger la santé publique, particulièrement celle des mineurs.
La situation de la métatine illustre les défis auxquels font face les régulateurs face aux innovations de l’industrie du tabac, qui développe régulièrement de nouvelles formulations pour répondre aux évolutions législatives tout en maintenant l’attractivité de ses produits.