Une nouvelle annonce de retrait qui intervient juste avant son audition parlementaire prévue le 10 juin à l’Assemblée nationale.
Les 5 informations clés de l’affaire :
- Nasdas annonce son second retrait des réseaux sociaux en un an pour se recentrer sur sa famille
- L’influenceur sera auditionné le 10 juin 2025 par la commission d’enquête TikTok de l’Assemblée nationale
- Avec 9,2 millions d’abonnés sur Snapchat, il reste le numéro 2 français derrière HMI
- Sa « Team Nasdas » et ses concepts controversés ont fait l’objet de critiques récurrentes
- Cette annonce intervient dans un contexte de régulation croissante des influenceurs
Une annonce qui fait écho à 2024
L’histoire se répète pour Nasser Sari, plus connu sous le pseudonyme Nasdas. Ce dimanche 8 juin 2025, l’influenceur de 28 ans a publié sur son compte Instagram un message poignant annonçant son retrait des réseaux sociaux. « Il est temps pour moi de me retirer des réseaux et de recentrer mes priorités sur l’essentiel : ma famille et ma vie personnelle », écrit celui qui cumule 2,1 millions de followers sur Instagram et 9,2 millions d’abonnés sur Snapchat selon les derniers chiffres de Blog du Modérateur.
Mais cette déclaration n’est pas sans rappeler une annonce similaire faite en mai 2024, où l’influenceur perpignanais avait déjà évoqué une « pause » pour « voir son fils grandir ». À l’époque, cette retraite temporaire n’avait duré que quelques mois avant son retour sur les plateformes. Cette fois-ci, Nasdas évoque un possible « adieu » définitif, laissant planer le doute sur la nature réelle de cette nouvelle absence.
Ce qu’il faut savoir sur l’empire Nasdas
Qui aurait pu prédire qu’un jeune homme originaire du quartier Saint-Jacques à Perpignan, l’un des plus défavorisés de France, deviendrait l’un des influenceurs les plus puissants de l’Hexagone ? L’ascension de Nasser Sari illustre parfaitement les mutations du paysage médiatique français. Selon Wikipedia, l’influenceur franco-algérien né le 3 juin 1996 a commencé sa carrière en 2018 en filmant le quotidien de son quartier sur Snapchat.
Sa première vidéo virale, qui le montrait en train d’infliger une gifle à l’un de ses amis, a lancé sa carrière fulgurante. Désormais, ses contenus sont visionnés des centaines de milliers de fois quotidiennement sur Snapchat, application principalement utilisée par les 15-24 ans selon les statistiques de Statista. En France, Snapchat compte 25 millions d’utilisateurs mensuels et 20,2 millions d’utilisateurs actifs quotidiens d’après les données officielles de la plateforme.

Les protagonistes d’un phénomène générationnel
L’univers Nasdas ne se résume pas à un seul homme. Autour de lui gravite la fameuse « Team Nasdas« , un groupe de proches qui l’accompagnent dans ses vidéos et participent à ses concepts souvent controversés. Cette équipe comprend notamment Tounsi, Samos et d’autres personnalités comme 4BDV et Mansour, selon les informations rapportées par This is Riviera.
Qui sont vraiment ces protagonistes de la « chienneté » ?
Mais qui se cache derrière ce phénomène qui fascine autant qu’il dérange ? Nasdas lui-même est orphelin de père et a grandi avec sa mère, ouvrière, au sein d’une fratrie de cinq enfants dans le quartier 4B de Bétiru selon Wikipedia. Après avoir fréquenté le lycée Lurçat et obtenu son baccalauréat, il a étudié le droit pendant un an avant d’enchaîner les petits boulots : saladerie à Torreilles, gendarme adjoint volontaire dans l’Isère, puis gardien d’immeuble.
Cette trajectoire personnelle explique en partie son succès : Nasdas incarne une réussite accessible, un modèle d’ascension sociale pour une jeunesse souvent délaissée. Comme l’explique La DN, ses fans y voient « un mec généreux » qui « donne de l’argent et offre des iPhones », tandis que ses détracteurs dénoncent un créateur qui « se sert de cas sociaux pour se faire sa propre télé-réalité ».
Pourquoi ces choix de contenus controversés ?
L’un des concepts phares de Nasdas consiste à accueillir des jeunes très vulnérables – mineurs isolés, SDF, personnes en détresse – qu’il loge dans une villa pour les filmer au quotidien à la façon d’une téléréalité. Cette approche, qui lui vaut le surnom de « Robin des bois digital », suscite régulièrement des polémiques. Selon Made in Perpignan, au moins cinq plaintes sont à l’instruction au Parquet de Perpignan, portées par des parents pour discrimination ou atteinte à l’image.
L’influenceur distribue également régulièrement de l’argent dans les rues, attirant parfois des jeunes qui parcourent des centaines de kilomètres pour le rencontrer. Cette pratique pose des questions sur l’exploitation de la vulnérabilité sociale à des fins de divertissement, un débat qui dépasse largement le cas Nasdas et interroge l’éthique des contenus sur les réseaux sociaux.
Les enjeux derrière l’écran
L’annonce du retrait de Nasdas intervient à un moment charnière pour l’industrie de l’influence en France. Avec des revenus estimés entre 7 000 et 41 000 dollars par jour selon ses propres déclarations rapportées par Wikipedia, l’influenceur incarnait la réussite financière spectaculaire permise par les plateformes sociales. Mais cette success story s’accompagne désormais d’un encadrement réglementaire renforcé.
Pourquoi cette influence compte dans le paysage médiatique
Le phénomène Nasdas révèle les transformations profondes de la consommation médiatique chez les jeunes. Sur Snapchat, plateforme qui attire 70% des 15-34 ans en France quotidiennement selon Digimind, les influenceurs comme Nasdas touchent plus de jeunes que YouTube, Facebook ou Instagram. Cette audience exclusive représente un enjeu économique et sociétal majeur.
L’influence de Nasdas dépasse le simple divertissement : ses contenus façonnent les représentations et les aspirations de millions de jeunes Français. Comme le souligne Sarah Bouchamama, tiktokeuse spécialisée dans l’analyse des réseaux sociaux, « les stories de Nasdas commencent à être problématiques. Chaque jour, ces femmes sont insultées », pointant du doigt l’impact sur la perception des relations homme-femme chez les plus jeunes.
Les chiffres qui parlent d’un empire en mutation
L’écosystème Snapchat français connaît actuellement une reconfiguration majeure. Alors que Nasdas occupait la position de numéro 2 français avec 9,2 millions d’abonnés, il a récemment été dépassé par HMI (Hachemi Sabi) qui affiche désormais 10 millions d’abonnés et le titre de premier snapchatteur de France selon Presse Citron. Cette concurrence illustre la vitalité d’un marché de l’influence en pleine expansion.
Les enjeux financiers sont considérables : selon Kolsquare, les marques françaises dépensent 3,49 millions d’euros par an dans l’influence marketing, et Snapchat représente un canal de plus en plus prisé par les annonceurs cherchant à toucher les 15-34 ans.
Ce que vous devez savoir sur cette affaire
L’annonce de Nasdas s’inscrit dans un contexte réglementaire en pleine évolution qui pourrait redéfinir les règles du jeu pour l’ensemble des influenceurs français. Mais au-delà des enjeux réglementaires, cette retraite questionne la durabilité des modèles économiques basés sur l’exposition permanente de la vie privée.
Les questions que vous vous posez
Pourquoi Nasdas sera-t-il auditionné à l’Assemblée nationale ? Comme l’explique CNEWS, Nasdas fait partie des huit influenceurs qui seront auditionnés entre le 3 et 10 juin 2025 par la commission d’enquête sur « les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs ». Son nom est ressorti d’une consultation citoyenne menée auprès de plus de 32 000 personnes, majoritairement des lycéens. La commission, présidée par Arthur Delaporte et rapportée par Laure Miller, s’intéresse particulièrement à son influence sur les jeunes et à ses pratiques de redistribution d’argent.
Que révèle cette commission d’enquête sur l’évolution du secteur ? Créée le 13 mars 2025 selon l’Assemblée nationale, cette commission témoigne d’une prise de conscience politique des enjeux liés aux réseaux sociaux. Elle fait suite aux plaintes déposées par le collectif Algos Victima contre TikTok pour « provocation au suicide » et « non-assistance à personne en péril ». Les députés examinent notamment les algorithmes de recommandation et proposent des mesures concrètes pour protéger les mineurs.
Quelles sont les perspectives après le retrait de Nasdas ? L’influenceur laisse derrière lui un vide dans l’écosystème Snapchat français, mais aussi un modèle économique que d’autres tentent de reproduire. HMI, désormais numéro 1 français, développe des concepts similaires avec sa « HMI House » et ses distributions de cadeaux. Cette succession illustre la standardisation progressive des formats d’influence et la recherche constante de nouveaux moyens de captiver l’attention des jeunes audiences.
Perspectives et suite des événements
L’audition de Nasdas le 10 juin 2025 à l’Assemblée nationale marquera probablement un tournant dans la régulation française des influenceurs. Cette convocation, aux côtés de Hugo Décrypte et AD Laurent selon CNEWS, témoigne de la volonté politique d’encadrer un secteur en pleine expansion.
L’ironie de cette annonce de retrait, intervenant deux jours avant son audition parlementaire, n’échappera à personne. Stratégie de communication ou véritable ras-le-bol ? Seul l’avenir le dira. Mais une chose est certaine : le phénomène Nasdas aura marqué une époque et posé les bases d’une réflexion nécessaire sur l’éthique de l’influence et la protection des publics vulnérables.
Le premier bilan de la commission d’enquête sera dressé le 28 juin prochain, avec des conclusions définitives attendues pour le 12 septembre 2025. Ces travaux pourraient déboucher sur de nouvelles réglementations qui transformeront durablement le paysage de l’influence française, que Nasdas soit présent ou non pour en voir les résultats.
Dans un secteur où l’attention se monétise et où l’authenticité se négocie, l’histoire de Nasdas rappelle que derrière chaque success story digitale se cache une réalité humaine complexe, faite de pressions, d’opportunités et de responsabilités qui dépassent largement le cadre des stories éphémères.