Le monde de la musique française est sous le choc après la disparition brutale de Werenoi, artiste originaire de Montreuil, qui s’est imposé en deux ans comme le plus grand vendeur de disques en France. À 31 ans, il laisse derrière lui une empreinte indélébile sur le rap hexagonal, portée par ses albums « Carré », « Pyramide » et le récent « Diamant noir ».
Une disparition soudaine qui bouleverse la scène musicale
Le rappeur Werenoi, figure montante du rap français originaire de Seine-Saint-Denis, est décédé dans la nuit du 17 mai des suites d’une défaillance cardiaque après avoir été hospitalisé en urgence à la Pitié Salpêtrière. L’annonce a été confirmée par son producteur Babs sur X, quelques heures après que le blogueur Aqababe ait révélé l’information sur les réseaux sociaux.
Un parcours météorique : du quartier à la tête des ventes
Né le 30 janvier 1994 à Melun, élevé à Montreuil dans une famille d’origine camerounaise, Werenoi s’est imposé en quelques années comme une référence incontournable du rap français. Sa trajectoire débute réellement en 2021 avec le titre « Guadalajara », qui le révèle au grand public. Dès lors, il enchaîne les succès avec des morceaux comme « Scarface », « Solitaire », « Laboratoire » ou « Chemin d’or ». Mais c’est surtout grâce à ses deux albums phares, « Carré » (2023) et « Pyramide » (2024), qu’il s’impose comme le plus gros vendeur de disques du pays, devançant des figures installées telles qu’Indochine, Billie Eilish, Jul ou Zaho de Sagazan.
Son dernier album, « Diamant noir », paru en avril 2025, s’est immédiatement hissé en tête des classements, confirmant la fidélité de son public et la force de son univers musical. En parallèle, Werenoi a été récompensé à la cérémonie des Flammes, raflant notamment le prix de l’album de l’année, symbole de sa reconnaissance par la profession et par ses pairs.
Un style singulier, entre mélodie et authenticité
Werenoi s’est distingué par une approche musicale à la fois mélodieuse et authentique, mêlant des thèmes classiques du rap – la rue, le banditisme, la vie de quartier, les voitures de sport – à une écriture plus nuancée et introspective. Il revendiquait une attention particulière portée à ses textes, préférant le mystère à la surexposition médiatique. Peu enclin aux interviews, il affirmait préférer « garder sa vie privée pour lui » et laisser ses chansons parler pour lui. Cette discrétion, loin d’être une stratégie, était le reflet de sa personnalité et de son éducation, marquée par la modestie et le travail.
Sa capacité à collaborer avec des artistes de renom – Ninho, Aya Nakamura, SCH, Lacrim, Tiakola, ou encore Gims avec qui il partage le titre « Piano » – a contribué à élargir son audience. Il n’hésitait pas non plus à surprendre, comme lors de son invitation à Pascal Obispo sur la scène du Zénith de Paris, illustrant sa volonté de briser les frontières musicales.
Au-delà des chiffres, Werenoi a marqué toute une génération en incarnant l’espoir, la fierté et la résilience d’une jeunesse souvent stigmatisée. À travers ses textes, il racontait la réalité de la rue, les douleurs et les ambitions de ceux qui, comme lui, cherchent à s’élever sans renier leurs racines. Son ascension rapide, bâtie sur la sincérité et le travail acharné, a inspiré de nombreux jeunes artistes et fans.
La disparition de Werenoi laisse un vide immense dans le paysage musical français. Son héritage, porté par des millions d’écoutes et des textes qui résonnent bien au-delà des frontières du rap, continuera d’influencer la scène urbaine pour les années à venir. Les hommages affluent, saluant un artiste à la fois réservé, talentueux et profondément humain, dont la voix et l’œuvre resteront gravées dans la mémoire collective.