Le député RN dénonce une « apologie du terrorisme » après la publication d’un slogan identique à celui crié par l’auteur de l’attaque de Washington.
Les 3 informations clés à retenir :
- Julien Odoul a saisi la procureure de Paris Laure Beccuau pour « provocation à la haine raciale » et « apologie du terrorisme » contre Thomas Portes
- Le député LFI avait publié « Free Palestine » sur X mercredi matin, le même slogan crié par l’assaillant de Washington lors de son arrestation
- L’attaque a causé la mort de deux employés de l’ambassade israélienne près d’un musée juif dans la capitale américaine
Une publication jugée ambiguë par le RN
Julien Odoul, député du Rassemblement national de l’Yonne, a transmis un signalement à la procureure de Paris Laure Beccuau visant Thomas Portes, élu de La France insoumise. L’élu RN reproche au député insoumis d’avoir publié le slogan « Free Palestine » sur son compte X mercredi matin, sans contextualisation ni condamnation de l’attaque.
Cette publication intervient quelques heures seulement après l’attaque meurtrière de Washington, où l’assaillant a crié ces mêmes mots lors de son arrestation. Thomas Portes a depuis supprimé son message, mais le mal était fait selon Julien Odoul.
Dans son courrier adressé à la magistrate, l’élu bourguignon estime que « cette publication, compte tenu de sa temporalité et de l’absence de contexte, peut être perçue non seulement comme une forme de justification de l’attentat mais également comme une approbation d’un acte terroriste à caractère antisémite ».
Les accusations portées par le député RN
Julien Odoul fonde son signalement sur deux chefs d’accusation principaux. D’une part, la « provocation à la haine raciale », d’autre part « l’apologie du terrorisme ». L’élu considère que le timing de la publication et l’absence de distanciation constituent des éléments aggravants.
« Qu’un parlementaire, censé incarner les valeurs de la République, relaie sans filtre un slogan explicitement scandé par l’auteur d’une attaque terrible, sans aucun cadre ni début de condamnation, soulève une question grave de responsabilité politique, mais aussi pénale », développe le député dans son courrier.
Le contexte géopolitique actuel renforce selon lui la gravité des faits. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël et les ripostes israéliennes qui ont causé plus de 50 000 morts à Gaza, les États-Unis connaissent une forte mobilisation propalestinienne, notamment sur les campus universitaires. Parallèlement, une hausse significative des actes antisémites a été recensée par les autorités américaines.
Un précédent judiciaire attendu
Cette saisine s’inscrit dans un climat de tensions politiques croissantes autour du conflit israélo-palestinien. Les prises de position des élus font l’objet d’une surveillance accrue, particulièrement quand elles interviennent dans des contextes sensibles.
La procureure Laure Beccuau devra désormais examiner si les éléments transmis par Julien Odoul sont suffisants pour ouvrir une enquête. Les qualifications pénales évoquées – provocation à la haine raciale et apologie du terrorisme – sont passibles de lourdes sanctions en cas de condamnation.
L’issue de cette procédure pourrait créer un précédent sur les limites de la liberté d’expression des parlementaires, notamment sur les réseaux sociaux. Elle soulève également la question de la responsabilité des élus dans leurs communications publiques, surtout lorsqu’elles peuvent être interprétées comme des soutiens implicites à des actes violents.
L’affaire illustre les tensions politiques françaises autour du conflit au Proche-Orient, où chaque prise de position fait l’objet d’interprétations contradictoires selon les sensibilités politiques.