L’eurodéputée Rima Hassan affirme avoir entamé une grève de la faim en protestation contre sa détention à la prison israélienne de Givon. Selon ses déclarations, elle aurait été placée en cellule d’isolement après avoir écrit « Free Palestine » sur les murs de sa première cellule. Cette escalade dans la tension survient alors que huit militants du navire humanitaire Madleen restent emprisonnés et contestent leur arrestation.
Les 4 informations clés à retenir :
- Rima Hassan affirme avoir entamé une grève de la faim en prison
- Elle aurait été placée à l’isolement après avoir écrit « Free Palestine » sur les murs
- Thiago Ávila, autre militant, mène également une grève de la faim et de l’eau
- 8 militants du Madleen contestent leur expulsion devant la justice israélienne
Rima Hassan revendique sa grève de la faim
L’information la plus marquante vient directement de Rima Hassan elle-même. L’eurodéputée LFI de 31 ans affirme avoir entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention qu’elle qualifie d’illégale.
Mais l’escalade ne s’arrête pas là. Selon ses déclarations, Rima Hassan aurait été transférée en cellule d’isolement après avoir écrit « Free Palestine » sur les murs de sa première cellule à la prison de Givon. Ce geste de défiance aurait conduit les autorités pénitentiaires à durcir ses conditions de détention.
Cette action s’inscrit dans la lignée de son engagement militant. Née dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab en Syrie, arrivée en France à 10 ans, Rima Hassan a fait de la cause palestinienne le cœur de son combat politique.
Deux grèves de la faim simultanées
Rima Hassan n’est pas la seule à mener une grève de la faim à la prison de Givon. Le militant écologiste brésilien Thiago Ávila, 37 ans, « a entamé une grève de la faim et de l’eau depuis hier matin » selon l’organisation Coalition pour la flottille de la liberté.
Coordinateur de Freedom Flotilla Brazil et père d’une fille de 6 mois, Thiago Ávila fait partie des 8 membres d’équipage qui ont refusé de signer leur avis d’expulsion d’Israël. Tous sont détenus dans cet établissement controversé du centre d’Israël.
Cette double protestation par la faim témoigne de la détermination des militants à contester leur arrestation et leurs conditions de détention.
L’isolement cellulaire, une sanction controversée
Le placement en isolement de Rima Hassan après son inscription « Free Palestine » sur les murs soulève des questions sur les conditions de détention. L’isolement cellulaire, pratique controversée, est souvent dénoncé par les organisations de défense des droits humains.
La prison de Givon, située à Ramla, a déjà une réputation sulfureuse. Selon des témoignages d’anciens détenus, « les conditions d’hygiène y sont déplorables, et chaque détenue ne dispose que d’un espace de 2,5 mètres carrés ».
Un rapport du Bureau d’aide juridictionnelle israélien cité par The Times of Israel mentionne des cas de prisonniers attachés si longtemps à leur lit qu’ils se sont déféqué dessus. Le rapport qualifie ces établissements d' »impropres à l’accueil d’humains ».
Le contexte explosif de l’arrestation
L’arrestation remonte à la nuit du 8 au 9 juin 2025, quand le navire humanitaire Madleen a été intercepté par l’armée israélienne. Les 12 militants à bord, dont Greta Thunberg (déjà expulsée), tentaient de rallier Gaza pour briser le blocus maritime.
Baptiste André, médecin français déjà expulsé, a décrit l’intervention : « 80 commandos israéliens ont pris d’assaut le navire et nous ont enfermés pendant 18 heures. Ils nous ont gardés sous surveillance constante, nous ont refusé le sommeil. »
Les militants dénoncent une arrestation en eaux internationales, ce que contestent les autorités israéliennes qui affirment avoir agi dans leurs eaux territoriales.
Des réactions politiques inquiètes
La grève de la faim de Rima Hassan et son placement à l’isolement amplifient les réactions politiques. Jean-Luc Mélenchon exprime ses craintes et dénonce un « acte de piraterie ». Il s’inquiète particulièrement des conditions à la prison de Givon, « régulièrement pointée du doigt par des ONG ».
Younous Omarjee, vice-président du Parlement européen, qualifie la situation de « scandaleux » et d' »injure au Parlement européen ». Il estime que la liberté de Rima Hassan « ne peut être conditionnée à la signature d’un document ».
Le Parlement européen a déclaré que son président Roberta Metsola était « en contact constant avec les autorités israéliennes pour assurer la sécurité » de l’eurodéputée.
L’escalade judiciaire qui inquiète
Cette détention s’inscrit dans un parcours judiciaire déjà chargé pour Rima Hassan. L’eurodéputée avait été convoquée en avril 2024 pour « apologie du terrorisme » après des propos controversés sur le Hamas.
En février 2025, elle avait été refoulée d’Israël lors d’une mission officielle du Parlement européen. Les autorités l’accusaient « d’agir de manière régulière pour promouvoir le boycott contre Israël ».
Fin décembre 2024, une nouvelle plainte pour « apologie du terrorisme » avait été déposée contre elle par l’Observatoire juif de France.
Quelles perspectives pour l’eurodéputée ?
La grève de la faim de Rima Hassan et son isolement cellulaire changent la donne. Son état de santé pourrait se dégrader rapidement, ce qui pourrait influencer les décisions des autorités israéliennes.
Les militants qui refusent le départ volontaire sont normalement détenus 96 heures maximum avant l’expulsion forcée. Mais les grèves de la faim pourraient compliquer cette procédure.
Pour Rima Hassan, cette épreuve marque un tournant dans son engagement militant. Son geste d’écrire « Free Palestine » sur les murs de sa cellule témoigne d’une radicalisation de sa protestation.
L’affaire du Madleen dépasse désormais le simple cadre humanitaire pour devenir un symbole des tensions autour de la question palestinienne et des limites de l’action politique européenne face au conflit israélo-palestinien.