Selon Bloomberg, Emmanuel Macron pourrait dissoudre l’Assemblée nationale à l’automne pour reprendre la main sur un paysage politique fragmenté et profiter d’une hausse de sa popularité.
Emmanuel Macron et la tentation d’une nouvelle dissolution
Depuis plusieurs semaines, la rumeur enfle autour d’une possible nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Selon l’agence américaine Bloomberg, le président de la République étudierait sérieusement cette option pour l’automne prochain. Cette hypothèse, discutée en cercle restreint, viserait à reprendre l’initiative dans un contexte politique marqué par l’absence de majorité absolue et une popularité présidentielle en légère hausse.
D’après Bloomberg, Emmanuel Macron souhaiterait capitaliser sur la dynamique créée par ses récentes initiatives diplomatiques, qui ont permis de rehausser son image auprès de l’opinion publique. Le chef de l’État chercherait ainsi à consolider sa majorité parlementaire, alors que son camp ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée depuis 2022.
L’Élysée dément toute dissolution à court terme
Face à ces informations, l’entourage du président a réagi rapidement. Selon le service politique de TF1/LCI, l’Élysée dément formellement l’idée qu’une nouvelle dissolution soit à l’ordre du jour. L’exécutif assure qu’il ne s’agit pas d’une piste envisagée actuellement, rappelant que la dissolution de juin 2024 avait déjà provoqué une instabilité politique notable. Emmanuel Macron avait lui-même reconnu, lors de ses vœux de fin d’année, que cette décision avait apporté plus de divisions que de solutions à l’Assemblée.
Malgré ce démenti officiel, le débat reste ouvert dans la classe politique et parmi les observateurs, certains proches du pouvoir estimant qu’une fenêtre de tir pourrait s’ouvrir entre l’été et la fin de l’année 2025.
Un contexte politique instable et une popularité en hausse
Depuis la nomination de François Bayrou à Matignon en décembre, le gouvernement a retrouvé une certaine stabilité après une période de blocages parlementaires. Cependant, l’équilibre demeure fragile, la majorité présidentielle restant relative. Une nouvelle dissolution pourrait donc permettre à Emmanuel Macron de tenter de renforcer sa position… ou au contraire, de voir l’opposition, notamment le Rassemblement national de Marine Le Pen, sortir renforcée du scrutin.
La cote de popularité du président connaît en effet une embellie ces derniers mois, portée notamment par son activisme sur la scène internationale. Selon un sondage Ipsos réalisé mi-mars, Emmanuel Macron a gagné cinq points pour atteindre 27 % d’opinions favorables, devançant désormais son Premier ministre François Bayrou. Les crises internationales figurent d’ailleurs parmi les principales préoccupations des Français, ce qui profite à l’image présidentielle.
Les scénarios envisagés pour de nouvelles législatives
Plusieurs options circulent quant à la date d’éventuelles élections anticipées. Selon la Constitution, Emmanuel Macron pourra à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale à partir du 13 juillet 2025, soit un an après le précédent scrutin. Il pourrait alors choisir d’organiser des élections dès l’été, ou d’attendre la rentrée politique de septembre. Certains évoquent aussi la possibilité de coupler les législatives aux municipales de 2026, mais cette option serait jugée peu convaincante par l’entourage présidentiel.
Ce calendrier est scruté de près par les oppositions. Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national, réclame depuis plusieurs mois la tenue de nouvelles élections législatives, tandis que Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, milite pour une élection présidentielle anticipée.
Les risques d’une nouvelle dissolution pour Emmanuel Macron
La précédente dissolution, en juin 2024, n’avait pas permis à Emmanuel Macron de retrouver une majorité claire. L’Assemblée nationale était restée fragmentée, contraignant le président à plusieurs remaniements, dont la nomination de François Bayrou à Matignon. Une nouvelle dissolution comporte donc des risques importants pour le chef de l’État, qui pourrait voir le Rassemblement national, première force à l’Assemblée, renforcer encore son poids politique.
Malgré la condamnation de Marine Le Pen à une inéligibilité de cinq ans, ses ambitions pour 2027 restent intactes, et son dauphin Jordan Bardella s’impose dans les sondages comme le principal adversaire du camp présidentiel.
Emmanuel Macron face à un choix stratégique
En définitive, si la possibilité d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale est bien évoquée dans certains cercles proches d’Emmanuel Macron, l’Élysée la dément officiellement pour l’instant. Le président dispose toutefois d’une fenêtre constitutionnelle à partir de l’été 2025 pour tenter de reprendre la main sur un paysage politique éclaté. Ce choix, hautement stratégique, pourrait redéfinir l’équilibre des forces à l’approche de l’élection présidentielle de 2027.