Brésil : les écoles interdisent les téléphones portables pour préserver l’éducation et le bien-être des élèves

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Adoptée le 18 décembre, une loi interdit désormais l’utilisation des téléphones portables dans les établissements scolaires brésiliens. Cette mesure vise à protéger les jeunes des effets négatifs des écrans et à améliorer leur apprentissage.


Une adoption législative face à une pratique déjà encadrée

Le Congrès brésilien a franchi une étape décisive ce 18 décembre 2024 en adoptant une loi interdisant l’usage des téléphones portables dans les écoles pour les enfants de 4 à 17 ans. Cette mesure, qui attend encore la promulgation du président Luiz Inácio Lula da Silva, s’inscrit dans une volonté d’harmoniser une pratique jusqu’alors laissée à l’appréciation des établissements scolaires. En effet, près de 64 % des écoles brésiliennes limitaient déjà l’utilisation des téléphones de leur propre initiative, mais seules 28 % appliquaient une interdiction totale, selon le Comité directeur sur l’internet brésilien.

L’objectif affiché de cette nouvelle législation est de préserver la santé mentale, physique et psychologique des élèves. La loi stipule que les téléphones portables seront interdits aussi bien dans les salles de classe que durant les pauses, sauf pour des usages pédagogiques spécifiques ou des raisons d’accessibilité.

Une mesure plébiscitée par les parents et les autorités éducatives

Un sondage réalisé en octobre par l’Institut Locomotiva y QuestionPro révèle un soutien massif à cette interdiction, avec 82 % des parents brésiliens favorables à la mesure. Le ministre de l’Éducation, Camilo Santana, a également salué cette initiative en insistant sur les effets négatifs des appareils mobiles en classe :

« Des expériences menées dans le monde entier montrent que leur utilisation en salle de classe entraîne un déficit d’attention », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que cette mesure pourrait aussi encourager une meilleure socialisation chez les jeunes, altérée par une dépendance croissante aux écrans.

Un enjeu mondial : éduquer à l’ère numérique

Cette interdiction s’inscrit dans un débat global sur le rôle des nouvelles technologies à l’école. L’Unesco, dans un rapport publié en 2023, a observé que l’interdiction des téléphones portables améliore les résultats scolaires, notamment chez les élèves en difficulté. Cependant, l’institution met en garde contre une approche trop restrictive :

« Protéger les élèves des technologies nouvelles et innovantes peut les désavantager », souligne le rapport.

Actuellement, moins d’un quart des pays dans le monde disposent de lois ou de politiques interdisant les téléphones portables en milieu scolaire. Certains pays européens, comme la Belgique, appliquent des interdictions similaires, tandis que d’autres, comme le Royaume-Uni, expérimentent des approches hybrides. Par exemple, une école britannique prestigieuse oblige désormais ses élèves à remplacer leur smartphone par un téléphone basique type Nokia.

Les défis de la mise en œuvre au Brésil

Si l’interdiction vise à réduire les distractions et à améliorer l’environnement éducatif, elle pose néanmoins des défis pratiques. Comment les écoles, particulièrement celles situées dans des régions moins développées, vont-elles contrôler et appliquer cette mesure ? Les disparités dans les ressources et la formation des enseignants pourraient complexifier son adoption uniforme.

En outre, bien que cette mesure soit largement soutenue, des voix s’élèvent pour rappeler que l’éducation numérique ne peut être négligée. Intégrer les nouvelles technologies dans les programmes scolaires de manière encadrée reste essentiel pour préparer les élèves aux défis de l’économie numérique.

Une tendance à surveiller

Le cas du Brésil reflète une tendance croissante à travers le monde : celle de réévaluer l’usage des téléphones portables dans les écoles à la lumière de leurs impacts éducatifs et sociaux. Si l’interdiction stricte est une réponse immédiate aux effets néfastes des écrans, elle devra s’accompagner d’une réflexion approfondie sur l’intégration des technologies dans l’éducation.

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