Dès son entrée en fonction, le nouveau ministre allemand de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, impose une politique migratoire plus stricte : la police des frontières doit refouler la majorité des demandeurs d’asile sans papiers, à l’exception des groupes vulnérables, pour freiner l’immigration clandestine.
Quels changements pour les demandeurs d’asile à la frontière allemande ?
Le 7 mai 2025, Alexander Dobrindt, tout juste nommé ministre de l’Intérieur, a ordonné à la police fédérale allemande de refouler systématiquement les demandeurs d’asile dépourvus de documents, à l’exception des enfants et des femmes enceintes.
L’objectif affiché est de réduire l’immigration illégale, une priorité annoncée par le nouveau gouvernement dirigé par Friedrich Merz après une campagne électorale dominée par la question migratoire.
Cette décision marque une rupture avec la politique d’accueil adoptée en 2015, lors de la crise des réfugiés, où plus d’un million de personnes, principalement originaires de Syrie et d’Afghanistan, avaient été autorisées à entrer sur le territoire allemand malgré l’absence de papiers.
Comment la mesure sera-t-elle appliquée ?
La directive précédente, qui reposait sur une instruction orale autorisant l’entrée des migrants sans papiers, a été annulée par écrit par Alexander Dobrindt. Désormais, la police des frontières, renforcée par 2 000 à 3 000 agents supplémentaires, doit appliquer des contrôles plus stricts sur près de 4 000 km de frontières extérieures.
Seuls les groupes jugés vulnérables, notamment les enfants et les femmes enceintes, continueront à bénéficier d’une exception à ce nouveau dispositif.
Quel bilan pour les refoulements aux frontières allemandes ?
Selon des chiffres communiqués début mai par Nancy Faeser, précédente ministre de l’Intérieur, plus de 53 000 personnes ont été refoulées aux frontières allemandes depuis octobre 2023.
Cette politique s’inscrit dans la continuité d’un durcissement progressif : dès septembre 2024, l’Allemagne avait rétabli des contrôles temporaires à toutes ses frontières, une mesure prolongée à plusieurs reprises pour lutter contre l’immigration irrégulière. D’après le gouvernement, ces contrôles ont permis de réduire d’un tiers les demandes d’asile entre 2023 et 2024 et d’arrêter près de 1 900 passeurs.
Quelles réactions et quels enjeux européens ?
La décision de refouler la majorité des demandeurs d’asile à la frontière suscite des débats sur la compatibilité avec le droit européen. Des responsables politiques rappellent que le règlement de Dublin impose de déterminer l’État responsable de chaque demande d’asile avant tout renvoi, ce qui rend complexe l’application de refoulements systématiques.
La Commission européenne rappelle que les contrôles aux frontières dans l’espace Schengen doivent rester exceptionnels et proportionnés. Par ailleurs, la question des retours vers les pays d’origine ou de premier accueil reste un défi logistique et diplomatique majeur pour Berlin.
Tableau : Évolution des refoulements et contrôles aux frontières en Allemagne
Période | Personnes refoulées | Agents déployés | Mesures spécifiques |
---|---|---|---|
Oct. 2023 – Mai 2025 | 53 000+ | 11 000 (+2 000 à 3 000) | Renforcement des contrôles, refoulement systématique sauf vulnérables |
2015 (crise des réfugiés) | 1 million accueillis | – | Instruction orale d’accueil |
2024-2025 | 47 000 | – | Contrôles temporaires prolongés |
À retenir
- La politique migratoire allemande connaît un tournant majeur avec le refoulement quasi systématique des demandeurs d’asile sans papiers, hormis les plus vulnérables.
- Ce durcissement, motivé par la volonté de réduire l’immigration clandestine, s’accompagne d’un important renforcement des moyens de contrôle à la frontière.
- Le débat sur la conformité de ces mesures avec le droit européen reste ouvert, alors que l’Allemagne cherche à conjuguer sécurité intérieure et respect des engagements internationaux.