La relation entre Donald Trump et Elon Musk connaît une détérioration majeure après les critiques virulentes du milliardaire contre le mégaprojet de loi budgétaire présidentiel. Cette rupture soulève des interrogations sur l’avenir des relations d’affaires entre l’État fédéral et les entreprises de Musk.
Les 4 informations essentielles :
- Elon Musk qualifie le projet de loi budgétaire de Trump d’abomination répugnante et scandaleux
- Le milliardaire a quitté son poste au gouvernement après quatre mois de mission de réduction des dépenses
- La Maison Blanche minimise l’impact des critiques en affirmant que cela ne change pas la position présidentielle
- Les tensions soulèvent des questions sur les futurs contrats gouvernementaux avec les entreprises de Musk
Une critique sans précédent du projet budgétaire
Elon Musk a qualifié mardi d’« abomination répugnante » le mégaprojet de loi budgétaire ardemment voulu par Donald Trump. L’ancien conseiller présidentiel s’est lâché contre ce qu’il décrit comme un « projet de loi budgétaire énorme, scandaleux et clientéliste ». Sur son réseau social X, Musk a déclaré : « Honte à ceux qui l’ont voté : vous savez que vous avez eu tort ».
Cette sortie fracassante marque une rupture nette avec l’administration que Musk avait massivement soutenue lors de la campagne présidentielle de 2024. Le milliardaire a dépensé au moins 250 millions de dollars pour soutenir la campagne de Donald Trump l’année dernière.
Le contenu controversé de la « grande et belle loi »
Cette « grande et belle loi », telle que la surnomme Donald Trump, est une clé de voûte du programme présidentiel. Elle comprend notamment l’extension des crédits d’impôt monumentaux du premier mandat du milliardaire républicain, qui arrivent à expiration à la fin de l’année.
Selon différents analystes indépendants, prolonger les énormes crédits d’impôt du premier mandat Trump pourrait accroître le déficit de l’État fédéral de 2000 milliards à 4000 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Le projet de loi prévoit également de réduire le financement des véhicules électriques et des technologies connexes, y compris Tesla et SpaceX, les sociétés d’Elon Musk.
Impact social et économique
Les coupes budgétaires prévues dans le texte pourraient affecter des millions d’Américains les plus défavorisés, comme des bénéficiaires du programme d’assurance-maladie Medicaid, destinés aux plus pauvres. Le Bureau du budget du Congrès estime que les réductions d’impôts combinées aux grosses coupes budgétaires aboutiraient à un énorme transfert de richesse des 10 % les plus pauvres vers les 10 % les plus riches du pays.
La fin de mission de Musk au gouvernement
Elon Musk a confirmé qu’il mettait fin à sa mission de réduction des dépenses publiques américaines, après quatre mois d’une expérimentation sans précédent. Le milliardaire a terminé comme prévu la semaine dernière sa mission au sein du gouvernement Trump où il était chargé d’effectuer des coupes drastiques dans le budget de l’État.
Sa mission était depuis le début conçue comme temporaire, son statut d’employé spécial du gouvernement étant limité à 130 jours. Créé par décret présidentiel le 20 janvier 2025, le DOGE – Département de l’efficacité gouvernementale – avait pour objectif affiché de générer 2000 milliards d’économies sur dix ans. Une lettre officielle publiée par la sénatrice Elizabeth Warren montre que le résultat n’atteint que 175 milliards de dollars à date.
Les tensions internes révélées
Des articles de presse ont fait état de frictions entre le protégé de Donald Trump et des secrétaires, excédés par ses méthodes jugées brutales ou par son attitude perçue comme cassante. Scott Bessent, secrétaire au Trésor, aurait eu une altercation avec Musk ; Marco Rubio, alors Secrétaire d’État, dénonçait des dérives personnelles.
La réaction officielle de la Maison Blanche
Cette violente charge contre l’un des projets les plus chers à Donald Trump « ne change rien à la position » du président américain, a rapidement répondu la Maison Blanche. « Le président savait déjà ce que pensait Elon Musk », a indiqué mardi à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.
La majorité républicaine au Sénat, déjà réduite à trois sièges, menace de se fissurer. Deux représentants du parti ont aussitôt soutenu Musk, qualifiant le budget d’« irresponsable ».
Les conséquences pour les entreprises de Musk
L’immixtion de Musk dans les affaires de l’État fédéral a soulevé de nombreuses questions sur de potentiels conflits d’intérêts, en raison des importants contrats conclus entre l’administration et ses entreprises. Depuis l’entrée en fonction de Trump, Musk aurait vu sa fortune augmenter de plus de 100 milliards d’euros, en partie grâce aux contrats publics et à des décisions réglementaires favorables.
Tesla est pris à partie aux États-Unis et dans d’autres pays, en particulier en Europe et au Canada. Selon le directeur financier Vaibhav Taneja, l’impact négatif du vandalisme et de l’hostilité injustifiée envers notre marque et nos employés a eu un impact sur certains marchés.
L’avenir des relations contractuelles
Bien que Musk ait quitté le gouvernement, ses entreprises Tesla, SpaceX et autres maintiennent d’importants contrats avec l’État fédéral, notamment dans les domaines de l’aérospatial et de la technologie. L’homme d’affaires n’a pas tout perdu. SpaceX devrait gagner des milliards de dollars grâce aux contrats gouvernementaux – notamment grâce au Dôme Doré de défense spatiale annoncé par Donald Trump.
Cette rupture publique entre les deux hommes soulève des interrogations sur la stabilité de ces partenariats commerciaux et l’influence future du milliardaire sur les décisions gouvernementales.