À quelques semaines d’un vote crucial au Sénat, la marque Shein semble multiplier les actions de lobbying et s’appuie sur Magali Berdah pour défendre son modèle face à la future loi anti-fast fashion selon le site de Stratégies.
Une campagne de communication offensive à l’approche du vote
À l’approche du 10 juin, date prévue pour l’examen au Sénat d’une proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de la fast fashion, Shein intensifie ses efforts de communication. La marque chinoise, régulièrement pointée du doigt pour son empreinte écologique et sociale, cherche à redorer son image et à mobiliser l’opinion publique en sa faveur.
Pour ce faire, Shein a lancé une campagne publicitaire d’envergure, orchestrée par l’agence Havas, qui s’est déployée aussi bien en affichage qu’en digital relate le site internet de Stratégie. Cette campagne met en avant les prix bas de la marque et questionne la légitimité de rendre la mode moins accessible, tout en valorisant ses engagements environnementaux sur un site dédié.
Magali Berdah, nouvelle ambassadrice stratégique de Shein
Dans un contexte de débat parlementaire tendu, Shein a choisi de collaborer avec Magali Berdah, ancienne figure majeure de l’influence en France et ex-dirigeante de l’agence Shauna Events. Cette collaboration prend la forme de vidéos sponsorisées publiées sur les réseaux sociaux de l’influenceuse, notamment TikTok.
Dans ces contenus, Magali Berdah réalise des micro-trottoirs à Paris, interrogeant des passants sur la campagne de Shein et sur la proposition de loi en question. Le discours, orienté, met en avant la dimension sociale de l’accessibilité à la mode et dénonce le risque d’exclusion que ferait peser la future taxe sur les consommateurs les plus modestes.
Les vidéos, clairement identifiées comme des collaborations commerciales, insistent sur l’idée que la loi viserait principalement Shein et ses clients, avec la mise en place d’une taxe pouvant atteindre jusqu’à dix euros par article d’ici 2030. Selon un sondage IFOP relayé dans ces contenus, six Français sur dix renonceraient à l’achat de vêtements pour des raisons financières, ce qui alimente la rhétorique de Shein autour du “droit à la mode”.
Un lobbying assumé pour influencer le débat public
La stratégie de Shein, relayée par Magali Berdah, consisterait à déplacer le débat du terrain environnemental vers celui de l’inclusion sociale. Les questions posées lors des micro-trottoirs sont formulées de manière à souligner l’injustice supposée de la proposition de loi, en insistant sur la perte d’accessibilité plutôt que sur les enjeux écologiques.
Cette opération de lobbying viserait, donc, à décrédibiliser le texte législatif, à détourner l’attention des critiques sur la pollution et les conditions de travail, et à présenter la surconsommation comme un droit fondamental.
Parallèlement à cette campagne d’influence, Shein a également recruté plusieurs personnalités politiques françaises, dont Christophe Castaner et Nicole Guedj, pour intégrer un comité stratégique chargé de conseiller l’entreprise sur sa responsabilité sociale et environnementale. Cette démarche vise à renforcer la respectabilité de la marque auprès des décideurs et du grand public.
Hugo Clément a même posté, avec ironie, une vidéo à ce sujet
Une manœuvre controversée dans un climat tendu
L’alliance entre Shein et Magali Berdah suscite de vives réactions, tant du côté des professionnels de la mode que des acteurs engagés pour une consommation responsable et, bien sûr, sur les réseaux sociaux. Les critiques dénoncent une opération de communication visant à détourner l’attention des véritables enjeux environnementaux et sociaux, et à légitimer un modèle économique basé sur la surproduction et la surconsommation. Cette stratégie de lobbying, menée à la veille d’un vote décisif, illustre la capacité de Shein à mobiliser des figures de l’influence et à s’adapter rapidement au contexte politique pour défendre ses intérêts.