À 75 ans et atteint de la maladie de Parkinson, David Walker vient de terminer un triathlon complet, offrant une leçon de courage et de détermination à tous ceux qui pensent que l’âge ou la maladie sont des barrières insurmontables. Son exploit résonne comme un message d’espoir pour les millions de personnes confrontées aux défis du vieillissement et des maladies neurodégénératives.
Les 3 informations essentielles à retenir :
- Un homme de 75 ans atteint de Parkinson termine un triathlon complet, démontrant que l’exercice intensif reste possible
- Les études confirment que l’exercice à haute intensité ralentit la progression de Parkinson et améliore les symptômes moteurs
- Les triathlètes seniors sont de plus en plus nombreux, repoussant les limites de la performance après 70 ans
Le contexte qui rend cet exploit extraordinaire
Quand on sait que les patients débutant la maladie de Parkinson au-delà de 75 à 80 ans présentent souvent des symptômes différents et plus complexes, l’exploit de David Walker prend une dimension particulière. La maladie de Parkinson, qui touche plus de 10 millions de personnes dans le monde, provoque une perte des cellules cérébrales qui produisent la dopamine, un messager chimique essentiel au mouvement et à l’humeur.
Pour comprendre l’ampleur de ce défi, il faut savoir que les performances d’endurance se maintiennent généralement jusqu’à 35-40 ans, puis diminuent modestement jusqu’à 50 ans, avec une dégradation progressive ensuite et les plus grandes déclins après 70 ans. Imaginez maintenant ajouter à cette équation naturelle les contraintes d’une maladie neurodégénérative.
Pourquoi l’exercice devient un allié précieux contre Parkinson
Les dernières recherches médicales nous apprennent des choses fascinantes sur l’impact de l’activité physique face à Parkinson. « L’exercice a de multiples bénéfices cliniques dans la maladie de Parkinson, il traite à la fois les symptômes moteurs et non-moteurs », explique le physiologiste Martin Langeskov-Christensen de l’université d’Aarhus.
Concrètement, l’activité physique « peut améliorer la coordination, l’équilibre, la marche et même réduire le risque de chutes ». Certains de ces symptômes, comme les problèmes d’équilibre, peuvent être difficiles à traiter complètement avec les médicaments anti-Parkinson.
Des bénéfices qui vont au-delà des symptômes moteurs
Mais ce n’est pas tout. L’exercice agit aussi sur les aspects non-moteurs de la maladie. Les patients rapportent des améliorations concernant l’humeur, la fatigue, les troubles du sommeil et la constipation. Rebecca Gilbert, médecin de l’Association américaine de la maladie de Parkinson, recommande même : « Après un repas, faites le tour du quartier, remettez tout en mouvement ».
L’exercice intensif, une clé prometteuse
Les études les plus récentes révèlent quelque chose d’encore plus encourageant. « Il y a quelques études, utilisant des scanners TEP du cerveau, qui montrent qu’après six mois d’exercice aérobique, les niveaux de dopamine augmentent dans le cerveau », précise Langeskov-Christensen.
Une étude sur des personnes atteintes de Parkinson montre que faire de l’exercice aérobique à haute intensité sur tapis roulant dans les premiers stades (dans les cinq ans suivant le diagnostic) peut ralentir la progression des symptômes de la maladie. Les participants du groupe haute intensité effectuaient 30 minutes de tapis roulant à 80-85% de leur fréquence cardiaque maximale, quatre fois par semaine.
Le triathlon, un défi multidisciplinaire unique
Le triathlon présente des avantages particuliers pour les seniors. Étant donné la nature multimodale du triathlon (natation, cyclisme, course), l’entraînement pour un événement de triathlon présente de nombreux bénéfices potentiels pour la santé, y compris la condition physique.
Cette variété d’activités correspond parfaitement aux recommandations médicales pour Parkinson. L’exercice aérobique est généralement plus efficace que l’entraînement en résistance, mais de nombreuses études soulignent que l’exercice de toute intensité ou format peut toujours être bénéfique.
L’essor remarquable des triathlètes seniors
David Walker s’inscrit dans une tendance croissante. Dans les courses olympiques au lac Guelph en Ontario au cours des 15 dernières années, la limite supérieure des groupes d’âge des femmes a évolué de 60 ans et plus en 2003 à 70-74 ans cette année. Les hommes ont fait une progression similaire et ont étendu la catégorie supérieure de 60-64 ans à 75-79 ans.
Roger Barker, maintenant âgé de 75 ans, a déclaré au début de l’année que ce serait sa dernière année pour les courses Ironman parce qu’il veut avoir plus de temps avec sa famille. Son exemple montre qu’il est possible de maintenir un niveau de performance élevé bien au-delà de 70 ans.
Les clés du succès après 75 ans
Comment ces athlètes seniors parviennent-ils à de tels exploits ? Les spécialistes identifient plusieurs facteurs cruciaux.
L’importance de la musculation
« Le défi avec le corps qui vieillit, c’est d’avoir besoin de deux fois plus d’efforts pour rester le même, donc il est vital d’avoir une composante de force dans votre entraînement », explique l’entraîneur Pace. Il qualifie la musculation de « fontaine de jouvence », en partie parce que des problèmes comme les genoux douloureux peuvent être résolus après quelques mois.
L’adaptation des attentes
Un triathlète de 76 ans conseille : « Diminuez vos attentes chaque année après 70 ans. Si vous ne le faites pas, vous ne pourrez peut-être jamais profiter de la forme physique dans vos 80 et 90 ans ». Cette sagesse résonne particulièrement quand on considère l’exploit de David Walker.
Ce que nous apprend la science du vieillissement sportif
Les recherches sur les triathlètes âgés révèlent des données encourageantes. Des rapports anecdotiques montrent que certains athlètes âgés peuvent aujourd’hui atteindre des niveaux très élevés de performance d’ultra-endurance. Par exemple, un triathlète masculin de 80 ans a également terminé l’Ironman d’Hawaï 2010 en moins de 16 heures.
Ces athlètes exceptionnels « représentent un exemple positif de vieillissement en bonne santé et fournissent des aperçus uniques sur la capacité d’une personne à maintenir la performance physique et la fonction physiologique avec l’âge avancé ».
Les mécanismes biologiques en jeu
Du point de vue scientifique, l’exercice agit sur plusieurs fronts contre Parkinson. L’activité physique dans les modèles animaux de Parkinson induit l’expression de facteurs neurotrophiques cérébraux, qui peuvent médier des effets neuroprotecteurs. Ces facteurs incluent le BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau) et le GDNF (facteur neurotrophique dérivé de la glie).
L’exercice favorise également « la prolifération et la migration accrues des cellules progénitrices neurales ainsi que l’inversion du déclin lié à l’âge dans la vascularisation de la substance noire ».
Un message d’espoir pour tous
L’histoire de David Walker dépasse le simple cadre sportif. Elle nous rappelle que « l’activité physique devrait être prescrite et encouragée chez tous les patients atteints de Parkinson », comme le recommandent les chercheurs.
Pour les millions de personnes concernées par le vieillissement ou les maladies neurodégénératives, son exemple prouve qu’il n’est jamais trop tard pour repousser les limites. Les recherches suggèrent que l’exercice est « une intervention prometteuse, rentable et à faible risque pour améliorer à la fois les symptômes moteurs et non-moteurs chez les patients atteints de Parkinson ».
Ce qu’on peut retenir de cet exploit
David Walker à 75 ans nous enseigne trois leçons fondamentales : premièrement, que l’âge et la maladie ne définissent pas nos limites ; deuxièmement, que l’exercice régulier et intensif peut constituer un véritable traitement complémentaire contre Parkinson ; et troisièmement, que le sport reste accessible à tous les âges quand on adapte ses objectifs et ses méthodes.
Son triathlon terminé résonne comme un cri de victoire contre la résignation. Dans une société qui associe trop souvent vieillissement et déclin, David Walker nous rappelle que chaque coup de pédale, chaque foulée, chaque mouvement de bras dans l’eau constituent autant d’actes de résistance contre le temps et la maladie.
Bottom line : L’exploit de David Walker démontre scientifiquement que l’exercice intensif reste non seulement possible avec Parkinson à 75 ans, mais qu’il constitue l’une des meilleures armes contre la progression de la maladie. Son exemple ouvre la voie à une nouvelle approche du vieillissement actif.