Jean-Luc Mélenchon annonce une plainte pour injure publique contre Alain Jakubowicz, président d’honneur de la Licra, après avoir été comparé à Joseph Goebbels sur BFMTV, déclenchant une vague de réactions et une condamnation unanime dans le paysage médiatique et politique.
Une comparaison choc sur fond de polémique
Lors d’une émission diffusée le 8 mai 2025 sur BFMTV, l’avocat Alain Jakubowicz, président d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), a comparé Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), à Joseph Goebbels, l’ancien ministre de la propagande du régime nazi. Cette déclaration a été faite alors que Jakubowicz était interrogé sur le livre-enquête La Meute, qui critique sévèrement le fonctionnement interne de LFI et décrit un parti structuré autour de la personnalité de Mélenchon, avec des méthodes jugées autoritaires.
Alain Jakubowicz a déclaré en direct :
« Ça raconte l’histoire d’un mouvement fasciste (…). Toutes proportions gardées, je vois un parallèle – je sais que je vais me faire rentrer dedans, mais ce n’est pas grave – entre Mélenchon et Goebbels. L’homme tout-puissant que le peuple doit suivre. C’est fascinant et, en même temps, ça fait froid dans le dos. » Ces propos, tenus en toute fin d’émission, n’ont pas suscité de réaction immédiate sur le plateau, mais ont rapidement enflammé les réseaux sociaux et la classe politique.
Réactions immédiates et condamnations
La direction de BFMTV et la Société des journalistes de la chaîne ont immédiatement pris leurs distances avec les propos d’Alain Jakubowicz. Sur le réseau social X, la chaîne a publié :
« BFMTV déplore les propos tenus ce matin sur son antenne par Alain Jakubowicz. La liberté d’expression ne justifie pas l’outrance et la diffamation. »
La Société des journalistes (SDJ) a également condamné fermement ces propos, estimant que « rien ne justifie un tel rapprochement avec une figure du nazisme ».
La présentatrice Apolline de Malherbe a, elle aussi, rappelé que ces propos n’engageaient que leur auteur :
« Je suis très attachée à la liberté d’expression et à l’indépendance de mes invités. Mais ni BFMTV ni moi-même ne pouvons être associés à des comparaisons comme celle qui fut exprimée ce matin en toute fin d’émission, et qui n’engage que son auteur. »
Riposte de Mélenchon et de la France insoumise
Face à cette comparaison, Jean-Luc Mélenchon a annoncé porter plainte pour injure publique contre Alain Jakubowicz, dénonçant une attaque d’une gravité extrême, d’autant plus marquante qu’elle a été prononcée le jour anniversaire de la défaite de l’Allemagne nazie. Selon Mélenchon, « il m’a identifié à Joseph Goebbels le criminel antisémite. Il a également injurié notre mouvement politique, ses adhérents et ses électeurs en traitant les insoumis de nazis. Tout cela le jour anniversaire de la défaite de l’Allemagne hitlérienne ».
Les cadres de LFI, dont Manuel Bompard et Manon Aubry, ont également condamné avec force cette sortie, dénonçant une banalisation du nazisme et une attaque inacceptable contre un mouvement qui se revendique antifasciste. Ils ont réclamé des excuses publiques et des condamnations unanimes, pointant du doigt une escalade dans la violence verbale à l’encontre de leur parti.
Un climat tendu autour de LFI et du débat public
Cet épisode s’inscrit dans un contexte de tensions accrues autour de La France insoumise, régulièrement visée par des accusations d’antisémitisme ou de soutien à des causes controversées. La sortie du livre La Meute a ravivé les débats sur les méthodes internes du parti et la figure de son leader. La comparaison avec Goebbels, jugée par beaucoup comme une ligne rouge franchie, a mis en lumière les dérives possibles du débat politique et médiatique, où l’invective et l’amalgame peuvent prendre le pas sur la confrontation des idées.
Alain Jakubowicz, de son côté, a assumé ses propos sur les réseaux sociaux, estimant que ses critiques étaient légitimes face à ce qu’il perçoit comme un culte de la personnalité au sein de LFI.