Face au blocage persistant du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté jeudi une résolution historique exigeant un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza. Avec 149 voix pour, seulement 12 contre et 19 abstentions, ce vote témoigne d’un isolement croissant des États-Unis et d’Israël sur la scène internationale.
Les 5 informations clés à retenir :
- 149 pays ont voté en faveur de la résolution, contre seulement 12 opposants
- Les États-Unis et Israël figurent parmi les pays ayant voté contre
- Cette résolution fait suite au veto américain du 4 juin au Conseil de sécurité
- La résolution exige la libération de tous les otages et la reprise de l’aide humanitaire
- Une conférence de paix coprésidée par la France et l’Arabie Saoudite se tiendra du 17 au 20 juin
L’Assemblée générale prend le relais face à la paralysie du Conseil
Après des mois de blocage au Conseil de sécurité, l’Assemblée générale de l’ONU a pris les devants jeudi en adoptant massivement une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza. Le vote révèle un soutien écrasant de la communauté internationale : 149 voix pour, 12 contre et 19 abstentions.
Le contexte qui a poussé à cette démarche exceptionnelle
Cette initiative découle directement de l’échec retentissant du 4 juin au Conseil de sécurité, où les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution similaire présentée par les 10 membres non permanents. Le texte avait pourtant recueilli 14 voix favorables contre une seule voix contre – celle de Washington.
« En raison du veto des États-Unis, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas été en mesure d’adopter mercredi après-midi un projet de résolution, présenté par ses 10 membres non permanents, qui exigeait un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » à Gaza », rappelle l’ONU Info. Ce cinquième veto américain depuis octobre 2023 illustre la paralysie du principal organe de sécurité mondiale.
Les protagonistes de cette diplomatie multilatérale
L’isolement croissant des États-Unis et d’Israël
Parmi les 12 pays ayant voté contre la résolution figurent notamment les États-Unis, Israël, l’Argentine, Fidji, la Hongrie, la Micronésie, Nauru, Palau, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Paraguay, Tonga et Tuvalu. Cette liste révèle l’isolement diplomatique croissant des alliés traditionnels d’Israël.
La France dans le camp du cessez-le-feu
La France a voté en faveur de la résolution et « regrette profondément qu’il n’ait pas pu être adopté » au Conseil de sécurité, a déclaré le représentant français Jérôme Bonnafont. Paris continue de réclamer « un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza » tout en condamnant fermement les attaques du 7 octobre 2023.
Comment la résolution change la donne diplomatique
Les exigences concrètes du texte
La résolution adoptée par l’Assemblée générale va bien au-delà d’un simple appel au cessez-le-feu. Elle exige « un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza, la libération de tous les otages et la reprise de l’aide humanitaire pour éviter la famine ».
Le texte réclame également la levée immédiate de toutes les restrictions à l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne, où 22% de la population fait face à un risque de famine catastrophique selon les derniers rapports.
L’impact sur les négociations en cours
Bien que les résolutions de l’Assemblée générale n’aient pas force contraignante, contrairement à celles du Conseil de sécurité, ce vote massif renforce considérablement la pression internationale sur Israël et ses alliés. Il intervient à un moment critique, alors que la situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer après la suspension de l’aide humanitaire en mars 2025.
Les chiffres qui révèlent l’ampleur du soutien international
Une majorité écrasante pour la paix
Avec 149 voix favorables sur 193 États membres, soit plus de 77% des pays représentés, cette résolution bénéficie d’un soutien sans précédent. Les 12 voix contre ne représentent que 6% des États membres, tandis que 19 pays (10%) ont préféré s’abstenir.
Cette répartition témoigne d’un changement majeur dans l’opinion internationale. Pour comparaison, les précédentes résolutions sur Gaza avaient recueilli entre 120 et 158 voix favorables, mais jamais un soutien aussi massif.
L’évolution des positions européennes
Au sein de l’Union européenne, la majorité des États membres ont voté en faveur de la résolution, marquant une évolution notable par rapport aux votes précédents où les divisions étaient plus importantes. Seuls quelques pays européens, dont l’Autriche et la République tchèque, ont maintenu leur opposition.
Pourquoi cette résolution arrive maintenant
Une crise humanitaire qui s’aggrave
Après 15 mois de bombardements israéliens intensifs sur la bande de Gaza, un accord de cessez-le-feu avait été annoncé le 15 janvier 2025 et était entré en vigueur le 19 janvier 2025. Mais le 2 mars 2025, la première phase du cessez-le-feu à peine terminée, Israël a décidé de suspendre toute entrée de marchandises et d’approvisionnement dans la bande de Gaza.
Depuis, la situation s’est dramatiquement dégradée. Après 11 semaines de blocus total, Israël a autorisé le 19 mai 2025 l’entrée d’une aide limitée à Gaza, mais celle-ci reste largement insuffisante face aux besoins.
La Fondation humanitaire de Gaza au cœur des controverses
La Fondation humanitaire de Gaza, organisation soutenue par les États-Unis et Israël, a affirmé avoir distribué sept millions de repas depuis le début de ses opérations, mais son déploiement a été marqué par des scènes chaotiques. L’ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant sa neutralité.
Les questions que vous vous posez
Pourquoi l’Assemblée générale vote-t-elle si les résolutions ne sont pas contraignantes ?
Bien que non contraignantes juridiquement, ces résolutions ont un poids politique et moral considérable. Elles reflètent l’opinion de la communauté internationale et renforcent la pression diplomatique sur les acteurs du conflit.
Que va changer la conférence de juin coprésidée par la France et l’Arabie Saoudite ?
Cette « Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de la Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États » se tiendra du 17 au 20 juin à New York. L’objectif est d’obtenir « des mesures concrètes et irréversibles » pour la reconnaissance d’un État palestinien.
Quelle est la position des principaux acteurs régionaux ?
L’Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus saints de l’islam, est engagée dans des discussions avec Washington pour normaliser ses relations avec Israël, mais a conditionné toute normalisation à la création d’un État palestinien souverain.
Ce qu’on peut attendre maintenant
Une intensification de la pression diplomatique
Ce vote historique marque probablement un tournant dans la diplomatie internationale sur le conflit israélo-palestinien. La conférence de juin s’annonce comme un moment décisif, avec la participation attendue de nombreux pays prêts à reconnaître un État palestinien.
Les enjeux de la conférence France-Arabie Saoudite
« Il nous faut passer de la parole aux actes et de la fin de la guerre à Gaza à la fin du conflit », a déclaré la représentante française lors des travaux préparatoires. L’objectif est de créer une dynamique irréversible vers la solution à deux États.
L’impact sur les négociations régionales
Cette pression internationale croissante pourrait influencer les calculs stratégiques de tous les acteurs régionaux, y compris Israël, qui se trouve de plus en plus isolé diplomatiquement malgré le soutien indéfectible de Washington.
À retenir : Cette résolution de l’Assemblée générale, adoptée par une majorité écrasante de 149 voix, témoigne d’un basculement de l’opinion internationale sur le conflit à Gaza. Elle prépare le terrain pour la conférence de juin coprésidée par la France et l’Arabie Saoudite, qui pourrait marquer une étape décisive vers la reconnaissance internationale d’un État palestinien.
Tableau comparatif des récents votes à l’ONU sur Gaza
DateInstanceRésolutionPourContreAbstentionsRésultat4 juin 2025Conseil de sécuritéCessez-le-feu permanent141 (USA)0Rejetée (veto)12 juin 2025Assemblée généraleCessez-le-feu permanent1491219AdoptéeDéc. 2024Assemblée généraleCessez-le-feu et UNRWA158913AdoptéeMai 2024Assemblée généraleStatut Palestine143925Adoptée
Citations importantes
Représentant de l’Algérie au Conseil de sécurité :
« Nous reviendrons pour les enfants morts avant même de savoir ce que signifie l’enfance, pour les femmes forcées de donner naissance sur le bord des routes et pour les pères qui ont vu les maisons qu’ils ont construites de leurs propres mains s’effondrer en quelques secondes. »
Représentante des États-Unis :
« Ce texte dresse de faux parallèles entre Israël et le Hamas » et « saperait les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu qui reflète la réalité sur le terrain. »
Représentant français :
« La France réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent. La fourniture de l’aide humanitaire ne saurait être subordonnée à un cessez-le-feu, ni être instrumentalisée à des fins politiques. »