Avec 66 % de votes favorables, les Parisiens ont validé la création de 500 nouvelles rues végétalisées, malgré une abstention massive.
Le dimanche 23 mars, la Ville de Paris a organisé sa troisième votation citoyenne, cette fois sur un sujet au cœur des débats urbains : la transformation de 500 rues en espaces végétalisés et piétons. Résultat : un large soutien au projet, mais une participation qui interroge.
Un « oui » massif pour un projet vert
Sur les 54 489 Parisiens ayant glissé un bulletin dans l’urne, 66 % se sont prononcés en faveur de la piétonnisation et de la végétalisation de 500 rues à travers la capitale. Ce vote confirme l’adhésion d’une partie des habitants aux grandes orientations écologiques de la municipalité.
Pourtant, cette victoire s’accompagne d’un constat plus amer : le taux de participation n’a atteint que 3,9 %, un niveau historiquement bas. À titre de comparaison, les deux précédentes votations citoyennes parisiennes avaient rassemblé respectivement 7,5 % et 5,7 % des électeurs en 2023 et 2024.
Hidalgo salue les votants, malgré l’abstention
Malgré cette faible mobilisation, Anne Hidalgo a tenu à saluer la démarche de ceux qui ont fait le déplacement. La maire de Paris a insisté sur l’importance de ces consultations citoyennes, même lorsqu’elles ne sont pas obligatoires. Cette nouvelle étape dans sa politique environnementale vient renforcer l’image d’une capitale en transition, bien que parfois à contre-courant d’une partie de ses administrés.
Que prévoit ce projet de rues « jardin » ?
Le plan validé repose sur un objectif clair : transformer 500 rues parisiennes en zones apaisées, piétonnes et végétalisées, avec une répartition équitable sur l’ensemble des arrondissements. Parmi les mesures prévues :
- De 5 à 8 rues réaménagées par quartier
- Suppression d’environ 10 000 places de stationnement
- Un budget estimé entre 300 000 € et 800 000 € par rue
- Début des repérages dès avril, pour un chantier étalé sur 4 ans
Ces « rues jardin » offriront de nouveaux îlots de fraîcheur et devraient renforcer la résilience climatique de Paris face aux canicules à répétition.
Une opposition qui dénonce une méthode biaisée
Le groupe d’opposition Changer Paris dénonce ce qu’il considère comme un « simulacre de démocratie participative ». Selon ses membres, un tel projet aurait dû faire l’objet d’une concertation plus large, incluant les commerçants et les automobilistes, directement concernés par les conséquences des transformations urbaines.
Les automobilistes pointent du doigt une stratégie anti-voiture
Yves Carra, porte-parole de Mobilité club France, fustige également ce projet. Il estime qu’il s’inscrit dans une stratégie globale d’exclusion de la voiture à Paris, sans tenir compte des réalités du quotidien pour les familles, les artisans ou les personnes âgées. Pour lui, ce type d’initiative creuse davantage le fossé entre Paris intra-muros et les communes voisines.
Un cap assumé par la municipalité
Malgré les critiques, la majorité municipale revendique pleinement son engagement en faveur de la végétalisation et de la mobilité douce. Depuis plusieurs années, Paris mène une politique volontariste de transformation de l’espace public, réduisant progressivement la place accordée aux véhicules motorisés.
Cette votation, bien que marquée par une très faible participation, vient conforter cette trajectoire. Elle permet aussi à la mairie de poursuivre ses engagements écologiques, tout en donnant un vernis démocratique à des décisions souvent contestées.
Une stratégie verte qui divise
Derrière le vote favorable, une question demeure : cette transformation massive des rues parisiennes saura-t-elle convaincre les sceptiques ? Le défi pour la municipalité sera désormais d’assurer une mise en œuvre fluide, en évitant les tensions avec les riverains, les commerçants et les usagers de la route.
L’avenir de ces « rues jardin » dépendra autant de la qualité des aménagements que de la capacité de la ville à inclure toutes les parties prenantes dans ce changement de modèle urbain.