Figure incontournable de l’édition française, Hervé de La Martinière s’est éteint le 8 mai 2025 à l’âge de 78 ans, laissant derrière lui un héritage majeur dans le monde du livre, marqué par l’audace, la passion et une fidélité indéfectible à ses auteurs.
Un parcours construit sur la passion et l’innovation
Hervé de La Martinière a consacré toute sa vie professionnelle à l’édition. Entré à 25 ans au sein du groupe Hachette, il y a exercé pendant quinze ans des fonctions de direction commerciale pour plusieurs maisons prestigieuses telles que Grasset, Fayard ou Chêne. Il poursuit ensuite sa carrière en prenant la direction de Nathan en 1987, avant de franchir une étape décisive en 1992 : la création de sa propre maison, Les Éditions de La Martinière, dédiée aux beaux livres et aux ouvrages illustrés.
Une stratégie d’expansion ambitieuse
Dès ses débuts, Hervé de La Martinière se distingue par une politique d’acquisitions audacieuse. En 1997, il réalise l’une des opérations marquantes de l’édition française en rachetant la maison new-yorkaise Abrams Books, renforçant ainsi la dimension internationale du groupe. Les années suivantes voient l’intégration de Knesebeck et Delachaux et Niestlé, puis, en 2004, la reprise du Seuil et de ses maisons associées (Points, Métailié, L’Olivier…). Ce mouvement fait du groupe La Martinière l’un des principaux acteurs de l’édition en France, maîtrisant sa diffusion et sa distribution.
Des succès éditoriaux majeurs
L’histoire des Éditions de La Martinière est jalonnée de publications emblématiques. Parmi elles, la sortie en 1999 de La Terre vue du ciel de Yann Arthus-Bertrand, ouvrage au format et au prix novateurs pour l’époque, s’impose comme un phénomène mondial avec 3,5 millions d’exemplaires vendus. Sous sa direction, la maison publie également l’essentiel de l’œuvre photographique de l’auteur. Hervé de La Martinière aura aussi accompagné le succès de la collection Fait Maison du chef Cyril Lignac à partir de 2020, et vu la consécration de Jean-Paul Dubois, lauréat du prix Goncourt 2019 pour Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, publié aux Éditions de l’Olivier.
Un engagement fort pour la profession
Au-delà de ses choix éditoriaux, Hervé de La Martinière s’est illustré par son engagement en faveur de la profession. En 2006, il engage une action judiciaire contre Google, dénonçant la numérisation massive d’ouvrages sans l’accord des éditeurs et des ayants droit. Ce combat, rejoint par le Syndicat national de l’édition et d’autres confrères, s’achève en 2011 par un accord historique avec le géant du numérique.
En 2018, il intègre son groupe au sein de Média-Participations, devenant vice-président du nouvel ensemble. Il continue alors à s’impliquer activement dans le développement du groupe, qui s’impose comme le troisième pôle éditorial français.
Un homme de lettres et de fidélité
Hervé de La Martinière était reconnu pour sa loyauté envers ses auteurs, parmi lesquels Yann Arthus-Bertrand, Hans Silvester ou Matthieu Ricard, et pour sa volonté de défendre une certaine idée de l’édition et de la librairie. Il tenait à cœur de créer un département littéraire portant le nom de sa maison, témoignant de son amour profond pour la littérature.
Un héritage durable
Jusqu’à la fin, Hervé de La Martinière est resté un entrepreneur audacieux et un éditeur passionné, soucieux de ses équipes, de ses auteurs et de la vitalité du livre. Son décès laisse un vide immense dans le monde de l’édition, mais son héritage, fait de créativité, d’exigence et de fidélité, continuera d’inspirer la profession.