Interrogé le 14 mai 2025 par le député Paul Vannier lors d’une commission d’enquête parlementaire, le Premier ministre François Bayrou est revenu sur un épisode marquant de la campagne présidentielle de 2002 : une gifle donnée à un jeune garçon à Strasbourg. Il a réitéré sa position, qualifiant son geste de « tape » éducative « sans gravité » et assumant pleinement son acte.
Rappel des faits : un geste controversé en pleine campagne présidentielle
L’incident s’était produit en 2002 dans le quartier de la Meinau à Strasbourg, alors réputé difficile. François Bayrou, à l’époque candidat de l’UDF à l’élection présidentielle, était en déplacement. La scène, filmée par les équipes de France Télévision, avait rapidement fait le tour des médias et suscité une vive polémique.
Un contexte tendu à Strasbourg
Selon les explications fournies par François Bayrou lors de son audition récente, son intervention ce jour-là faisait suite au caillassage d’une annexe de la mairie. Il a attribué cet acte à « un petit groupe de militants islamistes » réagissant à sa décision, lorsqu’il était ministre de l’Éducation en 1994, d’interdire le voile à l’école via une circulaire. Le Premier ministre a précisé être allé à la rencontre d’une vingtaine de jeunes pour discuter.
La réaction face à une tentative de vol
C’est dans ce climat que François Bayrou avait giflé un enfant de 11 ans. Il a maintenu avoir surpris le jeune garçon tentant de lui dérober son portefeuille. « Tu ne me fais pas les poches », lui avait-il lancé, ajoutant face aux dénégations de l’enfant : « Si, tu me faisais les poches ». Déjà à l’époque, il avait justifié son acte comme celui d’un « père de famille (…) sans gravité ».
L’audition à l’Assemblée nationale et la réaffirmation de sa position
Plus de deux décennies après les faits, c’est dans le cadre de la commission d’enquête sur l’affaire Bétharram que le sujet est revenu sur la table. Le député La France Insoumise Paul Vannier, corapporteur de la commission, a directement interpellé le Premier ministre sur cet épisode.
L’interpellation sur la « conception éducative de la gifle »
Paul Vannier a questionné François Bayrou sur son « rapport à la violence faite aux enfants » et une potentielle « conception éducative de la gifle » dont il serait « encore emprunt aujourd’hui ». Une approche que le Premier ministre a immédiatement balayée : « Ce que vous dîtes, c’est n’importe quoi ».
François Bayrou a ensuite détaillé sa version des faits de 2002, expliquant s’être d’abord interposé face à un « petit groupe » qui tenait des « propos d’une indécence sexiste » à l’encontre de la maire de Strasbourg. « Quand je suis là, on ne parle pas comme ça à une femme », aurait-il déclaré, décrivant un moment « un peu chahuté ».
Une « tape » et non une « claque violente »
Concernant le geste lui-même, François Bayrou a insisté sur sa nature : « J’ai trouvé la main d’un petit garçon qui était en train de sortir mon portefeuille de ma poche et je lui ai donné une tape. Pas une claque, je veux dire pas… pas… pas une claque. Pas quelque chose de brutal. Je lui ai donné une tape ». Il a poursuivi en affirmant : « Ce n’était pas du tout une claque violente, c’était une tape, en effet, de père de famille. Et si quelqu’un ici pense que jamais il n’a donné une tape à un enfant, je crois que beaucoup, s’ils sont honnêtes, pourront admettre qu’ils l’ont fait ». Pour lui, il ne s’agit « pas de la violence » mais d’un « geste éducatif ».
Vives tensions et suspension de séance
La réponse de Paul Vannier ne s’est pas fait attendre : « Il y a donc pour vous des tapes éducatives et des claques non violentes. Je crois que c’est des éléments importants qui vont nous accompagner dans la suite de cette audition ». Cette reformulation a provoqué l’ire de François Bayrou : « Monsieur, toujours la même méthode. Vous essayez chaque fois de reformuler, de reformuler de manière scandaleuse ce qu’on vous dit », s’est emporté le maire de Pau. L’échange tendu a conduit à une brève suspension de l’audition.