Le prestigieux pianiste autrichien Alfred Brendel s’est éteint mardi à Londres, marquant la fin d’une carrière exceptionnelle de plus de soixante ans.
Le monde de la musique classique pleure la perte d’une figure majeure. Selon Thomas Hull, porte-parole du musicien, Alfred Brendel est décédé paisiblement entouré de ses proches dans la capitale britannique où il résidait depuis de nombreuses années. Né le 5 janvier 1931 à Wiesenberg en Moravie (actuelle République tchèque), le pianiste avait construit sa légende sur des interprétations inoubliables de Beethoven, Schubert et Mozart.
Autodidacte en grande partie, Brendel avait connu une ascension remarquable après des débuts modestes. Sa carrière avait véritablement décollé dans les années 1970 à Londres, ville qu’il avait choisie pour son cosmopolitisme face à ce qu’il percevait alors comme le provincialisme viennois. Son style reconnaissable, mêlant rigueur intellectuelle et sensibilité musicale, en avait fait l’un des interprètes de référence du répertoire classique et romantique.
Le maître autrichien avait marqué l’histoire discographique avec notamment son intégrale des 32 sonates de Beethoven qu’il avait interprétées lors de 77 récitals dans onze capitales musicales entre 1982 et 1983. Parallèlement à Beethoven, il était devenu l’interprète de référence de Franz Schubert, explorant et popularisant le répertoire du compositeur romantique viennois. Sa discographie prolifique chez Philips puis Decca témoigne d’une carrière exceptionnelle qui s’était achevée symboliquement en décembre 2008 au Musikverein de Vienne avec un concert d’adieux consacré à Mozart.
Au-delà de ses performances, Alfred Brendel laisse également un héritage littéraire avec plusieurs ouvrages consacrés à la musique et à l’interprétation. Anobli par la reine Élizabeth II en 1989, il avait reçu les plus hautes distinctions musicales internationales, confirmant son statut de légende vivante du piano classique.