À quelques heures de l’audition de son père, François Bayrou, devant la commission d’enquête sur l’affaire Notre-Dame-de Bétharram ce mercredi 14 mai, Hélène Perlant, sa fille aînée, a publiquement interpellé le Premier ministre. Ayant elle-même révélé être une victime des violences perpétrées dans cet établissement, elle appelle son père à comprendre la nature du « système pervers » en place et à abandonner toute attitude défensive.
Un appel direct à la veille d’une audition cruciale
Hélène Perlant, dans une interview accordée au journal Le Monde, a lancé un message clair à son père : « Qu’il se débrouille maintenant ! Il a les épaules pour ça ». Cette exhortation survient alors que François Bayrou doit s’expliquer devant une commission d’enquête parlementaire concernant les décennies de violences physiques et sexuelles au sein du collège et lycée Notre-Dame-de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). La fille du Premier ministre estime que son père possède les capacités nécessaires pour appréhender la complexité du « système pervers » qui a permis à ces abus de perdurer.
Le témoignage glaçant d’une victime
L’intervention d’Hélène Perlant revêt une importance particulière depuis qu’elle a brisé le silence sur son propre calvaire. Son témoignage, initialement paru dans l’ouvrage collectif Le silence de Bétharram en avril dernier, a eu un fort retentissement. Devenue professeure, comme son père, elle y révèle avoir été victime de violences il y a près de 40 ans.
Une agression en camp scout
Alors âgée de 14 ans, Hélène Perlant participait à un camp scout lorsque le père Lartiguet, l’un des enseignants de l’école de Bétharram (décédé en 2000), l’a violemment passée à tabac. « Ce qui est horrible c’est cette agression faite au corps, qui vous prend dans votre dignité, qui vous laisse dans une humiliation », avait-elle confié sur France Inter lors de la sortie du livre, soulignant la profonde atteinte à sa personne.
Le poids du silence et la connaissance des faits
Depuis les premières révélations médiatiques en février, François Bayrou a constamment affirmé n’avoir « jamais été informé de violences » à Bétharram, ni avoir été « averti des faits qui ont donné lieu à des plaintes » ou des signalements. Une position qui sera scrutée de près par la commission d’enquête.
Un secret gardé pendant trente ans
Hélène Perlant a confirmé ne jamais avoir parlé de son agression à son père. « Je suis restée trente ans dans le silence« , a-t-elle expliqué à Paris Match. Elle a également évoqué sur BFMTV en avril dernier une possible volonté inconsciente de le protéger : « Mon père, j’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment je pense, des coups politiques qu’il se prenait localement. »
Comprendre le « dispositif pervers » de Bétharram
Tout en maintenant que « personne ne savait avant le travail d’Alain Esquerre », le porte-parole des victimes qui a mis l’affaire en lumière, Hélène Perlant estime dans Le Monde que « ce silence s’explique si l’on prend soin d’analyser Bétharram pour ce qu’il est : un dispositif pervers« . Elle invite ainsi à une analyse structurelle des mécanismes qui ont permis aux abus de se produire et d’être tus pendant si longtemps.
Les attentes envers François Bayrou et les défis de l’audition
Forte de son expérience et de son analyse, Hélène Perlant espère que son père, ancien ministre de l’Éducation nationale et ex-président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, saura prendre la mesure de la situation. Après le témoignage de sa fille, François Bayrou avait déclaré avoir « le cœur brisé ».
Une analyse dépassionnée et non défensive
« Je voudrais qu’il sente que je veux qu’il s’en débrouille avec les outils qui permettent d’analyser le dysfonctionnement de l’information en contexte pervers », a-t-elle précisé au Monde. Elle souhaite qu’il « ait compris que ces mécanismes, on doit les regarder tranquillement, pas sur le mode défensif, lui comme un autre ». Ce message souligne l’importance d’une approche constructive pour comprendre et prévenir de tels drames.
Convaincre la commission d’enquête
L’audition s’annonce délicate pour le Premier ministre. Sa réaction initiale à l’Assemblée nationale, où il n’avait pas eu de mot pour les victimes avant de rencontrer ultérieurement leur association, avait été critiquée. Devant la commission d’enquête, François Bayrou devra non seulement convaincre les députés de son absence de connaissance des faits, mais aussi réfuter plusieurs témoignages qui suggèrent qu’il aurait pu être informé, voire intervenir auprès de l’institution judiciaire. Une tâche qui s’annonce ardue face à la pression et à la gravité des révélations.