Stéphane Larue
Actus

Vendin-le-Vieil : polémique après la permission de sortie accordée à un « baron de la drogue »

Vendin-le-Vieil : polémique après la permission de sortie accordée à un « baron de la drogue »

Incarcéré au centre pénitentiaire ultra-sécurisé de Vendin-le-Vieil, l’un des détenus les plus dangereux de France a obtenu le feu vert de la justice pour une sortie professionnelle. Une décision validée par la cour d’appel de Douai qui provoque la colère des syndicats et l’indignation de la classe politique.

C’est une décision que les surveillants qualifient « d’aberration ».

Alors qu’il purge sa peine au sein du Quartier de Lutte contre la Criminalité Organisée (QLCO), une unité censée être hermétique, Ouaihid Ben Faiza va pouvoir franchir les murs de la prison. L’objectif validé par les magistrats : lui permettre de passer un entretien d’embauche à l’extérieur.

Une perspective qui passe mal pour un homme dont le casier judiciaire est marqué par une évasion spectaculaire.

Le spectre de l’évasion de 2014

Le profil du détenu est loin d’être anodin. Condamné pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, ce quinquagénaire est classé parmi les 100 détenus les plus dangereux de France.

Son passif justifie à lui seul les inquiétudes : en juin 2014, il s’était fait la belle de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Non pas en sciant des barreaux, mais exfiltré par un commando armé qui avait braqué les surveillants lors d’une extraction médicale.

Il ne doit théoriquement retrouver la liberté qu’en 2029.

Un bras de fer judiciaire

Cette permission de sortie révèle une fracture béante entre la réalité carcérale et la logique judiciaire.

La décision a été prise contre l’avis de toute la chaîne sécuritaire : le chef d’établissement de Vendin-le-Vieil s’y est opposé, tout comme le parquet de Béthune et le parquet général. Pourtant, la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai a tranché en faveur du détenu, privilégiant une logique de réinsertion.

Pour les syndicats, la pilule ne passe pas.

L’UFAP-UNSA Justice dénonce une déconnexion totale. Dans un communiqué au vitriol, l’organisation pointe l’absurdité de gérer un régime ultra-renforcé à l’intérieur pour voir ses efforts annulés par une simple signature administrative.

« On ne peut pas affirmer publiquement qu’on isole les plus grands narcotrafiquants pour éviter qu’ils ne gèrent leurs réseaux, et leur ouvrir la porte le lendemain », s’insurge un représentant syndical.

Bruno Retailleau monte au créneau

L’affaire a immédiatement pris une tournure politique.

Bruno Retailleau, figure de la droite et patron des Républicains, a fustigé ce qu’il considère comme une faillite de l’autorité. Sur X (anciennement Twitter), il a rappelé que « la priorité absolue de la justice pénale doit être la protection des Français, pas le bien-être des narcotrafiquants ».

Une sortie qui remet sur la table l’épineuse question de l’indépendance des juges d’application des peines face aux profils de grand banditisme.

Mais aussi