Dans une diatribe publiée ce dimanche sur Truth Social, Donald Trump accuse ouvertement les dirigeants ukrainiens de manquer de reconnaissance envers Washington. Le président américain tente de forcer la main à Kiev pour accepter un accord de paix controversé en 28 points avant Thanksgiving, tout en égratignant l’Europe et l’inaction de Joe Biden.
La tension est montée d’un cran ce dimanche entre la Maison Blanche et le palais Mariinsky.
Dans un message au vitriol publié sur sa plateforme Truth Social, le président américain n’a pas mâché ses mots. Il reproche à Volodymyr Zelensky et à son entourage de ne faire preuve d’« aucune gratitude » pour les milliards de dollars d’aide versés par les États-Unis.
Cette sortie intervient alors que Washington a posé un ultimatum clair sur la table : accepter le plan de paix américain ou perdre tout soutien.
Le plan de la discorde : 28 points pour une capitulation ?
Au cœur de la colère présidentielle se trouve le refus obstiné de Kiev de signer le « plan de paix en 28 points » élaboré par l’administration Trump.
Ce document, présenté jeudi dernier par l’envoyé spécial Steve Witkoff, est perçu par les Ukrainiens comme une quasi-capitulation. Selon les fuites confirmées par plusieurs sources diplomatiques, le texte exige le retrait des forces ukrainiennes du Donbas, une réduction drastique des effectifs militaires de Kiev et, surtout, un renoncement définitif à l’adhésion à l’OTAN.
« Vous n’avez pas les cartes en main », aurait lancé Donald Trump à son homologue ukrainien lors d’un échange téléphonique tendu plus tôt cette semaine.
Pour le président américain, l’équation est purement transactionnelle. Il estime avoir offert à l’Ukraine les moyens de survivre – rappelant souvent qu’il a fourni les premiers missiles Javelins là où « Obama envoyait des couvertures » – et exige désormais un retour sur investissement sous forme de paix immédiate.
L’Europe et le pétrole russe dans le viseur
Mais la colère de Donald Trump ne se limite pas à l’Ukraine.
Dans son message dominical, le locataire de la Maison Blanche a ouvert un second front contre les alliés européens. Il accuse Bruxelles et les principales capitales de l’UE d’hypocrisie majeure : financer la machine de guerre de Vladimir Poutine en continuant d’acheter, directement ou indirectement, du pétrole russe.
Cette attaque vise à justifier la pression économique que Washington menace d’exercer sur le Vieux Continent.
Trump lie désormais la sécurité de l’Europe à sa capacité à couper totalement les ponts énergétiques avec Moscou. Pour le président républicain, il est inconcevable que le contribuable américain finance la défense d’une Europe qui enrichit l’ennemi par la porte de derrière.
L’ombre de JD Vance et l’ultimatum de Thanksgiving
Derrière cette rhétorique enflammée se dessine l’influence du vice-président JD Vance.
Architecte de la ligne dure isolationniste, Vance a multiplié les avertissements ces derniers jours, suggérant que le refus de négocier équivaudrait à un suicide national pour l’Ukraine. L’administration a fixé une « date butoir » informelle à ce jeudi, jour de Thanksgiving, pour obtenir une signature ou au moins un accord de principe sur le plan de paix.
Zelensky se trouve désormais face à un dilemme existentiel : « la perte de la dignité ou la perte d’un partenaire clé », comme il l’a confié dans une adresse vidéo vendredi soir.
En ciblant Joe Biden, accusé d’avoir laissé le conflit pourrir par « inaction », Trump cherche aussi à verrouiller le narratif politique intérieur. Il se présente comme le seul capable d’imposer une issue, quitte à tordre le bras de l’agressé plutôt que de l’agresseur.
À Washington, le message est désormais clair : la période des chèques en blanc est révolue, place à la diplomatie du rouleau compresseur.
