Sous la menace d’une exclusion du marché américain, le réseau social chinois a finalisé un partenariat crucial impliquant plusieurs investisseurs proches de Washington.
Après de longues négociations, le groupe ByteDance, propriétaire de la plateforme, a scellé une alliance avec trois partenaires majeurs. Ce pacte inclut la société technologique Oracle, le fonds d’investissement Silver Lake et la structure émiratie MGX.
L’information, confirmée par un mémo interne du directeur général Shou Chew, marque une étape décisive pour la survie de l’application aux États-Unis. Cette signature répond aux exigences formulées par l’administration de Donald Trump, qui avait prolongé le délai de mise en conformité jusqu’au 23 janvier 2026.
La législation adoptée en 2024 visait initialement à couper les liens entre la plateforme et la Chine. Les parlementaires américains craignent en effet que les données personnelles des 170 millions d’utilisateurs locaux ne soient exploitées par Pékin ou que l’algorithme ne serve des objectifs de propagande.
Une nouvelle entité sous surveillance
Pour répondre à ces impératifs de sécurité nationale, une nouvelle structure baptisée TikTok USDS Joint Venture LLC voit le jour. Cette entité fonctionnera de manière indépendante et aura la haute main sur la modération des contenus ainsi que sur la protection des données.
La répartition du capital garantit une majorité américaine, conformément au décret présidentiel. Le trio composé d’Oracle, Silver Lake et MGX possédera 45 % des parts. Les investisseurs actuels de ByteDance conserveront 30,1 %, tandis que la maison mère chinoise ne gardera que 19,9 % de cette filiale spécifique.
La gouvernance sera assurée par un conseil d’administration de sept membres, majoritairement citoyens des États-Unis. Oracle et ses partenaires joueront un rôle central dans la sécurisation des infrastructures techniques et la conformité algorithmique.
Malgré cette restructuration, TikTok continuera de piloter ses activités commerciales traditionnelles. La gestion de la publicité, du commerce en ligne et la communication resteront sous le giron direct de l’entreprise, tout comme l’interopérabilité mondiale de l’application.
Pressions internationales persistantes
Si cet accord offre un répit outre-Atlantique, la plateforme reste sous le feu des critiques en Europe. Les régulateurs de l’Union européenne multiplient les procédures concernant la protection des mineurs et la gestion des données privées.
En France, une enquête judiciaire est ouverte depuis novembre pour examiner la responsabilité du réseau social dans la mise en avant de contenus dangereux pour les utilisateurs vulnérables. L’Irlande a également infligé une amende record de 530 millions d’euros pour des manquements au RGPD.
Aux États-Unis, la validation définitive du montage reste soumise à un examen politique rigoureux. Le républicain John Moolenaar, figure de la commission aux Affaires chinoises, a déjà annoncé son intention de passer les termes de l’accord au crible pour déceler toute faille potentielle.
Pour les analystes du secteur, le maintien de l’activité américaine constitue une victoire stratégique pour ByteDance. Cette stabilisation pourrait permettre au géant technologique de relancer ses projets d’introduction en bourse et d’accélérer ses développements en intelligence artificielle.
