L’administration américaine élargit son offensive contre la prestigieuse université après le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions. La ministre de l’Éducation Linda McMahon annonce la fin probable de tous les financements fédéraux vers l’institution de Cambridge.
Les 4 informations essentielles :
- L’administration Trump menace de couper définitivement tous les contrats fédéraux avec Harvard après le refus de l’université de se conformer aux exigences gouvernementales
- Plus de 2,2 milliards de dollars de subventions ont déjà été gelés, suivis de 60 millions de dollars de contrats suspendus pour recherche sur la tuberculose
- Harvard maintient sa résistance judiciaire en attaquant le gouvernement devant les tribunaux fédéraux du Massachusetts pour violation du Premier amendement
- L’offensive s’étend au-delà du financement avec l’interdiction pour Harvard d’accueillir des étudiants étrangers dès la rentrée 2025-2026
Une escalade sans précédent dans le conflit Harvard-Trump
Le bras de fer entre Donald Trump et l’université Harvard atteint un nouveau niveau d’intensité. La ministre de l’Éducation Linda McMahon a adressé un courrier au président de l’université Alan Garber, annonçant que Harvard ne devrait plus demander de subventions fédérales puisqu’elle n’en recevra plus.
L’administration reproche à l’université de Cambridge près de Boston de ne pas avoir respecté les conditions fixées pour maintenir ses financements publics. Les autorités fédérales accusent l’institution de laisser prospérer l’antisémitisme sur son campus et de maintenir des politiques de diversité jugées discriminatoires.
Harvard dispose actuellement d’un fonds de dotation de 53 milliards de dollars, le plus important au monde pour une université. L’institution a récemment émis 750 millions de dollars d’obligations pour constituer une trésorerie de précaution face aux menaces budgétaires.
Des mesures financières déjà en application
La Task Force conjointe de lutte contre l’antisémitisme a officialisé le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions pluriannuelles et de 60 millions de dollars de contrats gouvernementaux. Cette décision a eu des effets immédiats sur les programmes de recherche.
La chercheuse Sarah Fortune a notamment reçu l’ordre d’arrêter ses travaux sur la tuberculose financés par les Instituts nationaux de santé (NIH). D’autres projets de recherche sur l’alzheimer, le parkinson et le diabète pourraient être affectés par ces coupes budgétaires.
Le gouvernement avait initialement menacé de supprimer jusqu’à 9 milliards de dollars de financements fédéraux lors d’un « examen complet » des pratiques de l’université. Les subventions fédérales représentent 11% du budget annuel de Harvard, estimé à 6,4 milliards de dollars selon les données de l’institution.
Harvard contre-attaque devant les tribunaux
L’université a déposé une plainte devant le tribunal fédéral du Massachusetts pour contester les mesures gouvernementales. Les avocats de Harvard invoquent une violation du Premier amendement et de la Due Process Clause du quatorzième amendement.
Alan Garber maintient que l’université « n’abdiquera pas son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution ». La direction affirme que les exigences gouvernementales dépassent l’autorité légitime de toute administration et contreviennent aux libertés universitaires.
L’American Civil Liberties Union (ACLU), la National Education Association (NEA) et l’Association of American Universities (AAU) ont exprimé their soutien à Harvard. L’ancien président Barack Obama a également salué la résistance de l’université face à ce qu’il qualifie d’autoritarisme.
Plus de 800 membres du personnel enseignant ont signé une lettre exhortant l’institution à résister aux « attaques antidémocratiques » du gouvernement fédéral.
L’interdiction d’accueillir des étudiants étrangers
L’administration Trump a franchi un nouveau cap en retirant à Harvard le droit d’accueillir des étudiants internationaux. La ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem a révoqué la certification du programme SEVIS avec effet immédiat.
Cette décision signifie que Harvard ne peut plus recevoir d’étudiants titulaires de visas F ou J pour l’année scolaire 2025-2026. L’université accueille actuellement 6.700 étudiants internationaux, soit 27% de ses effectifs totaux.
La princesse Elisabeth de Belgique, qui poursuit un master en politiques publiques à la Harvard Kennedy School, fait partie des étudiants étrangers potentiellement concernés par ces mesures. Les étudiants déjà inscrits doivent se transférer dans une autre université sous peine de perdre leur visa américain.
La Chine a dénoncé la « politisation » de l’éducation par l’administration américaine. Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, estime que cette démarche « ne fera que nuire à l’image et à la réputation internationale des États-Unis ».
Une offensive plus large contre l’enseignement supérieur
Le conflit avec Harvard s’inscrit dans une stratégie gouvernementale plus vaste visant les universités d’élite. L’université Columbia a déjà cédé aux exigences de l’administration après la suspension de 400 millions de dollars de subventions.
L’université Brown fait également l’objet d’une enquête avec 510 millions de dollars de financements suspendus. L’administration reproche aux établissements de l’Ivy League de promouvoir des idéologies « anti-américaines » et « marxistes ».
Donald Trump a qualifié Harvard de « blague qui enseigne la haine et l’imbécilité » sur son réseau Truth Social. Le président estime que l’université ne peut « plus être considérée comme un lieu d’apprentissage décent ».
L’administration exige notamment la fin des programmes de diversité, équité et inclusion (DEI), un audit des opinions politiques sur le campus et un droit de regard sur les procédures d’admission et d’embauche.