Le monde de la musique est en deuil : Jimmy Cliff, l’icône jamaïcaine qui a ouvert la voie à Bob Marley, est mort ce lundi à 81 ans. Son épouse a confirmé que l’interprète légendaire de « Many Rivers to Cross » a succombé à une pneumonie suite à une crise d’épilepsie.
Une voix de cristal s’est tue à Kingston.
Il avait chanté qu’il y avait « beaucoup de rivières à traverser ». Cette fois, James Chambers, de son vrai nom, a atteint l’autre rive. L’annonce est tombée comme un couperet ce midi via un message poignant de sa femme, Latifa, sur Instagram, demandant le respect de leur intimité en ces « moments difficiles ».
L’artiste souffrait de problèmes de santé récents.
Selon le communiqué officiel, c’est une crise convulsive (épilepsie), tragiquement suivie d’une pneumonie, qui a emporté le musicien. Le Premier ministre jamaïcain, Andrew Holness, a immédiatement salué la mémoire d’un « géant culturel » dont l’œuvre a « réconforté des générations » et exporté l’âme de l’île bien au-delà des Caraïbes.
L’homme qui a ouvert la porte à Bob Marley
Avant que Bob Marley ne devienne l’effigie mondiale du rastafarisme, c’est Jimmy Cliff qui a planté le drapeau jamaïcain sur la carte de la pop mondiale.
Révélé par le film culte « The Harder They Come » (1972), il a incarné l’archétype du « rude boy » et offert au reggae ses premiers hymnes internationaux. Sans lui, et sans son talent de passeur précoce signé chez Island Records, la vague reggae n’aurait peut-être jamais déferlé avec autant de force sur l’Occident dans les années 70.
Il a remporté deux Grammy Awards au cours de sa carrière, en 1986 et 2013.
De « Reggae Night » au « Roi Lion »
Jimmy Cliff n’était pas un puriste enfermé dans un style.
Il était un caméléon génial, capable de signer des tubes pop mondiaux comme « Reggae Night » ou de bouleverser la planète avec sa reprise de I Can See Clearly Now en 1993. Sa voix a même bercé l’enfance de millions de spectateurs via la bande originale du Roi Lion, où il interprétait l’hymne Hakuna Matata.
Une histoire d’amour avec la France
L’artiste entretenait un lien charnel avec le public français.
Au-delà des concerts, il a marqué les esprits par ses collaborations prestigieuses, notamment avec Bernard Lavilliers sur le titre culte Melody Tempo Harmony en 1994, ou plus tard avec Yannick Noah. C’est d’ailleurs avec son tube Wonderful World, Beautiful People que la France avait véritablement découvert le son jamaïcain dès la fin des années 60.
Intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 2010, Jimmy Cliff laisse derrière lui une œuvre immortelle et un optimisme indélébile.
