Stéphane Larue
Actus

Viticulture : l’État débloque 130 millions d’euros pour un plan d’arrachage massif

Viticulture : l’État débloque 130 millions d’euros pour un plan d’arrachage massif

Face à la colère grandissante des vignerons, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé ce lundi 24 novembre une enveloppe de 130 millions d’euros pour l’arrachage définitif des vignes. En déplacement à Montpellier, elle sollicite également Bruxelles pour financer la distillation d’urgence des surstocks.

C’est une bouffée d’oxygène attendue de pied ferme par toute une filière à l’agonie.

À la veille de l’ouverture du salon Sitevi à Montpellier, Annie Genevard a confirmé le déblocage immédiat de 130 millions d’euros. Cette enveloppe nationale vise spécifiquement le financement d’un nouveau plan d’arrachage définitif, une mesure réclamée depuis des mois pour réduire la voilure d’un vignoble en surproduction structurelle.

L’objectif affiché par le ministère est sans équivoque : il faut « rééquilibrer l’offre » pour sauver les exploitations encore viables. Cette décision intervient dix jours seulement après une manifestation sous tension à Béziers, le 15 novembre dernier, où près de 6 000 viticulteurs avaient crié leur désarroi face à l’effondrement du marché et des trésoreries exsangues.

Bruxelles : la réserve de crise sollicitée

Mais l’argent français ne suffira pas à éponger des années de crises cumulées.

La ministre de l’Agriculture se tourne désormais vers l’Europe pour compléter ce dispositif de sauvetage. Elle a officiellement demandé à Christophe Hansen, le Commissaire européen à l’agriculture, d’activer l’arme lourde : la « réserve de crise européenne ».

Cette manœuvre diplomatique a une cible tactique précise : financer la distillation de crise.

  • Écouler les surstocks « non marchands » qui saturent les cuves.
  • Soulager prioritairement les caves coopératives, maillons faibles de la chaîne actuelle.
  • Assainir le marché avant la prochaine récolte pour éviter l’effondrement des prix.

Un secteur en pleine mutation

La déconsommation de vin rouge frappe de plein fouet les bassins historiques du Languedoc et du Bordelais.

Ce plan d’aide n’est pas un simple pansement, mais l’aveu que le modèle viticole actuel doit changer d’échelle. Entre la chute de la consommation mondiale, les taxes à l’export et les aléas climatiques à répétition, la réduction des surfaces cultivées devient une nécessité économique brutale pour adapter la production à la demande réelle.

Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, a immédiatement réagi en « saluant le plan annoncé ». Une validation syndicale qui offre un répit politique au gouvernement, alors que le salon Sitevi s’ouvre demain dans un climat qui reste électrique.

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