Stéphane Larue
Actus

Sondage sur l’islam : l’Ifop porte plainte contre deux députés LFI

Sondage sur l’islam : l’Ifop porte plainte contre deux députés LFI

Le directeur général Opinion de l’Ifop, Frédéric Dabi, a annoncé ce lundi 24 novembre le dépôt d’une plainte contre Bastien Lachaud et Paul Vannier. L’institut accuse les deux députés insoumis d’avoir « mis une cible dans le dos » de ses équipes après la publication d’une enquête controversée sur les musulmans de France.

La guerre est déclarée entre le plus ancien institut de sondage français et La France insoumise.

Frédéric Dabi ne mâche pas ses mots. Invité sur le plateau de BFMTV, il a dénoncé un « déchaînement de violences et de calomnies » totalement disproportionné par rapport au travail sociologique effectué. Selon lui, les propos tenus publiquement par les élus insoumis dépassent le cadre de la critique politique pour verser dans la mise en danger d’autrui.

Cette action en justice cible spécifiquement Bastien Lachaud (Seine-Saint-Denis) et Paul Vannier (Val-d’Oise). L’institut estime que leurs réactions virulentes sur les réseaux sociaux, qualifiant le travail des enquêteurs de manipulation idéologique, ont franchi la ligne rouge en désignant l’Ifop comme un ennemi politique à abattre.

Une enquête jugée « sur-mesure » par les insoumis

Au cœur du conflit : l’étude intitulée « État des lieux du rapport à l’islam », publiée le 18 novembre dernier pour le magazine Écran de veille.

Dès sa parution, ce sondage a fait bondir les rangs de la gauche radicale. Paul Vannier a immédiatement fustigé une « opération de stigmatisation de nos compatriotes musulmans pilotée » par l’institut, tandis que Bastien Lachaud évoquait un « sondage taillé sur-mesure » pour fabriquer de la suspicion et diviser le pays.

Pour ces députés, le timing et la formulation des questions serviraient avant tout à alimenter les discours d’extrême droite. Ils pointent du doigt une méthodologie qu’ils jugent biaisée, destinée selon eux à valider la thèse d’une « islamisation » de la société française plutôt qu’à mesurer objectivement une réalité sociologique.

Associations et avocats entrent dans la danse

L’affaire ne se joue pas uniquement sur le terrain politique.

Plusieurs conseils départementaux du culte musulman ont également annoncé avoir porté plainte contre X. Ils s’appuient sur la loi du 19 juillet 1977, qui impose un strict principe d’objectivité aux sondages d’opinion publiés dans la presse.

Leurs avocats, Maîtres Raphaël Kempf et Romain Ruiz, accusent l’Ifop d’avoir violé ce principe fondamental. Dans un communiqué cité par l’AFP, ils reprochent au sondage de se focaliser sur des résultats minoritaires à des fins polémiques, distillant ainsi « le poison de la haine dans l’espace public » et renforçant les amalgames dangereux envers la communauté musulmane.

Frédéric Dabi défend « une méthodologie solide »

Face à la fronde, l’Ifop persiste et signe.

Frédéric Dabi rejette catégoriquement l’idée d’une enquête « tombée du ciel » ou politiquement orientée. Il rappelle que cette étude repose sur un échantillon massif de 15 000 personnes, une ampleur rare qui garantit selon lui une « méthodologie extrêmement solide ».

L’institut défend la légitimité de ses « questions historiques », inscrites dans une longue tradition d’enquêtes longitudinales sur les croyances religieuses en France. Le bras de fer se poursuivra désormais devant les tribunaux, où la liberté des sondeurs devra être pesée face à la responsabilité de leurs publications dans un climat social électrique.

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