Après 72 heures de détention en Israël suite à l’interception de la « Flottille de la Liberté », l’eurodéputée franco-palestinienne vient d’être expulsée et devrait retrouver ses soutiens dès 21h pour un rassemblement politique très attendu.
Les 5 informations clés à retenir :
- Rima Hassan expulsée d’Israël ce jeudi après avoir refusé de signer un document controversé
- Rassemblement prévu ce soir à 21h place de la République selon son compte officiel
- La « Flottille de la Liberté » interceptée dans la nuit du 8 au 9 juin avec Greta Thunberg à bord
- Conditions de libération : signature obligatoire reconnaissant une « entrée illégale » + interdiction de territoire pour 100 ans
- Tensions diplomatiques : Emmanuel Macron critiqué pour son « indignation sélective »
Le grand retour après une détention controversée
On ne s’attendait pas à un tel épilogue. Rima Hassan sera présente place de la République à Paris ce soir à 21h, quelques heures seulement après son expulsion d’Israël. L’eurodéputée La France Insoumise, détenue depuis trois jours, vient de regagner la France dans un climat de tension diplomatique inédit.
L’eurodéputée européenne française a vivement critiqué les conditions imposées par le gouvernement israélien pour la libération de Rima Hassan et des membres de la Flottille de la Liberté, notamment la signature d’un document reconnaissant une entrée illégale dans les eaux territoriales israéliennes et une interdiction d’entrée en Israël pendant 100 ans.
Qui sont vraiment les protagonistes de cette affaire ?
Rima Hassan, 32 ans, née dans le camp de réfugiés de Neirab près d’Alep, incarne une figure montante de l’engagement pro-palestinien en France. Naturalisée française en 2010, elle a fondé en 2019 l’Observatoire des camps de réfugiés, puis en 2023 le collectif Action Palestine France avant de rejoindre La France insoumise pour les européennes de 2024.
À ses côtés dans cette mission humanitaire controversée : Greta Thunberg, l’icône écologiste suédoise de 22 ans, qui avait pris l’avion pour la première fois depuis des années pour cette cause. L’équipage comptait 12 militants venus de France, d’Allemagne, du Brésil, de Turquie, de Suède et des Pays-Bas.
Comment s’est déroulée cette « Flottille de la Liberté » ?
L’histoire commence le 1er juin. Le voilier Madleen quitte Catane en Sicile avec pour objectif d’apporter de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et de « briser le blocus israélien ». À bord : 250 kilos de riz, 100 kilos de farine, 600 couches, du lait infantile, des produits d’hygiène pour les femmes, des béquilles, ainsi que des médicaments.
Le voyage prend un tournant dramatique le 5 juin. En route vers Gaza, le bateau dévie de son itinéraire pour porter secours en mer à quatre « réfugiés originaires du Soudan », qui sont ensuite pris en charge par Frontex.
L’interception qui change tout
Dans la nuit du 8 au 9 juin, vers 3h du matin, des troupes israéliennes « interceptent de force » le navire dans les eaux internationales. « Si vous voyez cette vidéo, nous avons été interceptés et kidnappés dans les eaux internationales », déclare Greta Thunberg dans une vidéo préenregistrée.
Le navire est ensuite escorté par deux navires de la marine israélienne et arrive au port d’Ashdod à la nuit tombée, vers 20h45.
Les conditions de libération qui font polémique
Voilà où l’affaire devient vraiment problématique. Pour être libérés, les militants devaient signer un document reconnaissant une entrée illégale dans les eaux territoriales israéliennes et accepter une interdiction d’entrée en Israël pendant 100 ans.
Rima Hassan et la plupart de ses camarades ont refusé de signer ce document qu’ils jugent mensonger, considérant que l’arrestation s’est déroulée dans les eaux internationales.
Le traitement en détention qui interroge
Les conditions de détention soulèvent des questions. Rima Hassan a été placée à l’isolement dans des conditions difficiles à la prison pour femmes de Neve Tirza, près de Ramla. Elle aurait été punie pour avoir écrit « Free Palestine » sur un mur de sa prison, et est actuellement en grève de la faim.
Un tribunal israélien a prononcé des « ordres de détention » des huit militant-es ayant refusé de signer le document jusqu’à une prochaine audience fixée au 8 juillet.
Les réactions politiques françaises qui divisent
Emmanuel Macron s’est montré rapidement réactif. Le président de la République avait « demandé de permettre, dans les plus brefs délais, le retour en France de nos six ressortissants français » et a dénoncé de nouveau la « honte » et le « scandale » du blocus humanitaire imposé depuis mars par Israël dans la bande de Gaza.
Mais cette réactivité présidentielle fait grincer des dents. De nombreux internautes ont pointé du doigt son manque d’engagement public en faveur de Boualem Sansal, emprisonné depuis la mi-novembre en Algérie. L’avocat Arno Klarsfeld estime que le président « est plus vindicatif envers Israël en faveur de Rima Hassan qui est bien traitée et reverra la France d’ici 48h max qu’envers l’Algérie qui retient Boualem Sansal« .
La gauche mobilisée, la droite critique
La France Insoumise a immédiatement organisé la riposte. Le mouvement a appelé à un rassemblement ce lundi à 18h, place de la République, à Paris, puis maintient la pression avec ce nouveau rassemblement de ce soir.
Jean-Luc Mélenchon avait réagi en déclarant : « [Benyamin] Nétanyahou menace notre petit bateau avec Rima Hassan, Greta Thunberg et dix équipiers », dénonçant un « acte de piraterie ».
À droite, les critiques pleuvent. Eric Zemmour confesse « ne pas voir pourquoi Rima Hassan a demandé la nationalité française. Qu’a-t-elle de commun avec le peuple français, dont elle se moque ? »
Ce que révèle cette affaire sur les tensions internationales
Cette « Flottille de la Liberté » s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu. Elle fait écho à l’incident tragique de 2010, quand le navire Mavi-Marmara avait été intercepté par Israël, causant la mort de neuf activistes turcs.
Début mai, un navire, le Conscience, avec lequel la Coalition espérait se rendre à Gaza, avait été endommagé. Les militants avaient soupçonné une attaque de drones israéliens.
L’enjeu humanitaire derrière la polémique
Au-delà du spectacle médiatique, la situation humanitaire à Gaza reste dramatique. Pour l’ONU, « Gaza est l’endroit le plus affamé au monde ». Entre le 2 mars et le 21 mai, Israël n’a laissé entrer aucune aide alimentaire dans l’enclave palestinienne.
Pourquoi c’est important maintenant
Cette affaire cristallise plusieurs enjeux majeurs de notre époque. D’abord, la question du droit international maritime : la légalité du blocus imposé par Israël à Gaza depuis 2007 fait débat, certains experts estimant qu’un blocus ne peut être imposé si les dommages causés à la population civile sont excessifs par rapport à l’avantage militaire obtenu.
Ensuite, elle révèle les fractures au sein de la société française sur la question israélo-palestinienne. Rima Hassan fait régulièrement polémique avec ses prises de position, notamment quand elle a qualifié en février l’action du Hamas de « légitime du point de vue du droit international », provoquant un signalement du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pour « apologie du terrorisme ».
Les questions que vous vous posez
Que va-t-il se passer maintenant pour Rima Hassan ? L’ONG israélienne Adalah explique que les militant-es pourraient être renvoyé-es dans leur pays cette semaine par une procédure d’expulsion forcée. Son retour ce soir confirme cette procédure.
Quelles conséquences diplomatiques ? Les relations franco-israéliennes traversent une zone de turbulences, amplifiées par les déclarations d’Emmanuel Macron sur la reconnaissance d’un État palestinien et cette affaire de la flottille.
Le rassemblement de ce soir aura-t-il du succès ? Lors du précédent rassemblement lundi, La France Insoumise affirme que 50 000 personnes se sont rassemblées place de la République, chiffre invérifiable mais qui témoigne d’une mobilisation certaine.
Ce qu’on peut attendre maintenant
Le retour de Rima Hassan ce soir place de la République va certainement donner lieu à un moment politique fort. L’eurodéputée, qui n’a jamais reculé face aux polémiques, devrait livrer sa version des événements et relancer le débat sur l’engagement français au Proche-Orient.
Cette affaire pourrait aussi avoir des répercussions sur la politique française au Proche-Orient, Emmanuel Macron étant désormais pris entre les critiques de « deux poids, deux mesures » et la pression de son aile gauche sur la question palestinienne.
Une chose est sûre : ce jeudi soir, place de la République, tous les regards seront tournés vers cette eurodéputée qui continue de diviser autant qu’elle mobilise.