Stéphane Larue
Musique

Mort de Bébert : la voix des Forbans s’est éteinte à 63 ans

Mort de Bébert : la voix des Forbans s’est éteinte à 63 ans

Le rockabilly français est en deuil. Albert Kassabi, dit « Bébert », figure emblématique du groupe Les Forbans, est mort ce mardi 25 novembre à l’âge de 63 ans. Emporté par une longue maladie, l’interprète de l’inoxydable tube « Chante ! » laisse derrière lui une génération marquée par son énergie survoltée et sa banane légendaire.

C’est une page des années 80 qui se tourne brutalement.

La triste nouvelle a été confirmée à l’AFP par Michel Papain, le batteur historique du groupe et compagnon de route de la première heure. Le chanteur s’est éteint dans la soirée en région parisienne, entouré de sa famille, après un long combat contre la maladie.

Une fin tragique pour celui qui incarnait la joie de vivre et l’insouciance. Fondé en 1978 par une bande de copains de classe d’Ivry-sur-Seine, le groupe avait fait le pari fou d’imposer le rock’n’roll à une époque dominée par le disco. Bébert, avec son jeu de jambes élastique et sa voix gouailleuse, était le cœur battant de cette machine à remonter le temps qui a fait danser la France pendant plus de quarante ans.

Chante ! : l’hymne d’une génération

Près de deux millions d’exemplaires vendus.

En 1982, la France entière se met à « taper des mains » sur ce qui deviendra l’un des plus gros succès de la décennie. « Chante ! » propulse instantanément ces gamins de banlieue au sommet du Top 50, les transformant en superstars du jour au lendemain.

Pourtant, ce tube n’était pas une création originale. Il s’agissait d’une adaptation française de « Shout! Shout! (Knock Yourself Out) » de l’Américain Ernie Maresca, sorti vingt ans plus tôt. Mais c’est bien la version de Bébert, avec son clip kitchissime et son énergie communicative, qui restera gravée dans l’inconscient collectif hexagonal, éclipsant même l’originale pour le public français.

Une bête de scène infatigable

Les Forbans n’ont jamais vraiment quitté la route.

Loin de se reposer sur leurs lauriers et leurs disques d’or, Albert Kassabi et sa bande enchaînaient encore récemment une cinquantaine de concerts par an. Des fêtes de village aux grandes tournées nostalgiques comme « Age Tendre », Bébert mouillait la chemise avec la même ferveur qu’à ses débuts.

Cet amour du public, il l’a défendu contre vents et marées, quitte à susciter parfois l’incompréhension. On se souvient de la polémique de 2012, lorsque le groupe s’était produit pour un gala du Front National. Un épisode que Bébert, connu pour son franc-parler et son refus du politiquement correct, avait assumé sans ciller, revendiquant le droit de « faire son métier » d’artiste pour tous les publics, sans distinction partisane.

L’héritage : le rock des copains

Il était l’âme du groupe, son visage et sa voix.

En 2018, pour fêter leurs 40 ans de carrière, Les Forbans s’étaient offert l’Olympia, prouvant que leur popularité traversait les époques. Bébert y avait une nouvelle fois démontré que le rock’n’roll conserve, affichant une forme physique qui faisait mentir l’état civil.

Si la banane est désormais orpheline, le refrain, lui, est immortel. Dans les mariages, les campings et les soirées dansantes, la voix de Bébert continuera longtemps d’ordonner aux Français de mettre leurs baskets chouettes. Un héritage simple et populaire, à l’image d’un artiste qui n’a jamais cherché à être autre chose qu’un « copain » venu faire la fête.

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