Cinq ans après le drame, un couple de Hayange réclame justice pour leur nourrisson de deux mois, décédé d’hypothermie sévère après une prise en charge controversée au CHR de Metz-Thionville.
C’est une bataille judiciaire et émotionnelle qui dure depuis le 30 avril 2020. Yanis et son épouse, résidant en Moselle, attendent toujours de comprendre comment leur fils, Eden, a pu perdre la vie dans l’enceinte même d’un établissement de santé.
Leur combat se cristallise autour d’une accusation lourde : le nourrisson serait « mort de froid » au sein de l’hôpital de Metz-Mercy.
Une plainte contre X a été déposée pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et manquement à une obligation de sécurité.
Une température corporelle descendue à 25°C
Les faits remontent au printemps 2020. Eden, né prématurément à Thionville avec un poids plume de 2,2 kg, souffrait d’une maladie génétique rare, l’Incontinentia Pigmenti, provoquant un déficit immunitaire.
À la suite de convulsions à son domicile, l’enfant est transporté aux urgences pédiatriques de Mercy, où une méningite est suspectée. C’est lors de son transfert en service de réanimation que le drame se serait noué.
Selon le témoignage du père, le bébé a été placé dans une pièce équipée d’une climatisation fixée au plafond, située juste au-dessus de lui.
Lors de son transfert ultérieur vers le CHRU de Nancy-Brabois, les équipes médicales sur place constatent l’impensable : la température corporelle d’Eden a chuté à 25°C. Il décédera d’hypothermie peu après son arrivée, « dans les bras de son père ».
Des « fautes graves » relevées par les experts
D’abord respectueux du temps médical et administratif, les parents ont fini par saisir la justice face à ce qu’ils qualifient de « chaîne de défaillances ».
Yanis, ex-cadre supérieur au Luxembourg, explique avoir perdu son emploi suite au choc traumatique. Il souligne que lors de l’arrivée des médecins nancéiens pour le transfert, ces derniers étaient « stupéfaits » de voir l’enfant sous l’air conditionné.
Une première procédure devant le tribunal administratif de Strasbourg a permis de mandater un expert. Le rapport de ce dernier a été déterminant, pointant une « série de fautes graves » dans la prise en charge du nourrisson.
C’est fort de ces éléments que le couple a porté l’affaire au pénal en mars 2023 auprès du tribunal de Metz.
Une instruction jugée trop lente
Si une dizaine de médecins ont déjà été auditionnés par la justice, l’enquête piétine selon la famille.
Maître Rudyard Bessis, l’avocat des parents, déplore la lenteur de la procédure, bien qu’une nouvelle expertise soit en cours. Pour l’avocat, le placement sous climatisation a agi comme « le coup de grâce » pour cet enfant déjà fragilisé par sa pathologie.
Les parents, qui se défendent de toute volonté de vengeance, ont choisi de médiatiser l’affaire pour accélérer le mouvement, craignant que l’instruction ne s’étire encore sur plusieurs années.
La réponse de l’hôpital
Face à ces accusations, la direction du CHR Metz-Thionville maintient une position de réserve, invoquant le secret de l’instruction judiciaire en cours.
Dans une brève communication, l’établissement assure « collaborer pleinement » avec la justice pour éclaircir les circonstances du décès.
