Le chef de l'État a confirmé cette semaine le lancement officiel du programme du Porte-Avions de Nouvelle Génération (PANG), un géant des mers de 75 000 tonnes destiné à succéder au Charles de Gaulle à l'horizon 2038.
Un ordre de lancement attendu et stratégique
La décision était programmée dans la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, mais elle est désormais irrévocable. Emmanuel Macron a acté cette semaine la commande du futur navire amiral de la Marine nationale. Ce feu vert présidentiel permet de débloquer les financements majeurs pour un projet estimé à environ 10 milliards d'euros.
Ce choix confirme la volonté de la France de maintenir son statut de puissance navale de premier rang. En conservant la propulsion nucléaire, Paris reste, aux côtés des États-Unis, l'une des rares nations capables de projeter une force aéronavale autonome sur de très longues distances et durées.
Un géant de 310 mètres pour accueillir le SCAF
Le futur bâtiment marquera un saut capacitaire impressionnant par rapport à l'actuel Charles de Gaulle. Avec une longueur de 310 mètres (contre 261 mètres) et un déplacement de près de 75 000 tonnes, le PANG sera le plus grand navire de guerre jamais construit en Europe.
Sous le pont d'envol, la puissance sera assurée par deux chaufferies nucléaires K22 développées par TechnicAtome, délivrant une puissance cumulée nettement supérieure aux réacteurs actuels.
Côté aviation, le navire abandonnera les catapultes à vapeur pour des catapultes électromagnétiques (EMALS) de technologie américaine. Cette configuration permettra de mettre en œuvre le Rafale Marine, mais surtout son successeur, le futur avion de combat européen du programme SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), plus lourd et accompagné de drones.
Un défi industriel pour Saint-Nazaire et Naval Group
La construction de ce colosse mobilisera la fine fleur de l'industrie française. La coque sera assemblée à Saint-Nazaire, dans les formes des Chantiers de l'Atlantique, seuls capables d'accueillir un tel gabarit.
La maîtrise d'œuvre sera assurée par une société conjointe réunissant les Chantiers et Naval Group. Si les premières découpes de tôle ne sont pas attendues avant le début de la prochaine décennie, les études détaillées et les commandes de composants longs (notamment pour les chaufferies) sont désormais sanctuarisées.
La mise à l'eau est prévue vers 2036 pour une admission au service actif en 2038, date à laquelle le Charles de Gaulle tirera sa révérence après près de 40 ans de service.
