Stéphane Larue
Médias

Complément d’enquête : les secrets de la méthode CNews dévoilés

Complément d’enquête : les secrets de la méthode CNews dévoilés

Ce jeudi 27 novembre à 23h00, France 2 diffuse une investigation très attendue sur CNews. Alors que la chaîne du canal 16 enchaîne les records d’audience, « Complément d’enquête » révèle l’envers du décor : consignes éditoriales radicales, fabrique du clash et témoignages inédits sur la mécanique Bolloré.

« Il faut faire du muslim, muslim, muslim ».

C’est par cette phrase choc, rapportée par un ancien journaliste de la rédaction, que l’émission de France 2 compte dynamiter la soirée de jeudi. Après des mois d’investigation, l’équipe de Lilya Melkonian plonge au cœur d’une machine médiatique devenue incontrôlable, capable de propulser des thèmes identitaires en tête de l’agenda national en quelques heures.

Mais derrière les succès d’audience se cache une réalité interne sous haute tension.

Une ligne éditoriale sous influence

Officiellement, CNews se présente comme un espace de liberté d’expression totale.

Pourtant, les documents et témoignages recueillis par l’équipe de Tristan Waleckx racontent une tout autre histoire. Des salariés, certains parlant à visage découvert, décrivent une rédaction où l’orientation politique n’est pas une option, mais une directive. L’enquête met en lumière des consignes explicites données durant la dernière campagne présidentielle pour favoriser certains candidats, notamment Éric Zemmour, au détriment de la neutralité affichée.

Ces révélations interviennent alors que la chaîne a historiquement détrôné BFMTV, s’imposant régulièrement comme la première chaîne d’info de France avec des parts de marché dépassant les 3,5 %.

Une performance commerciale indéniable qui contraste avec une sévérité accrue du régulateur.

L’Arcom : le gendarme débordé

Le succès de CNews se construit sur le fil du rasoir réglementaire.

Régulièrement sanctionnée par l’Arcom (ex-CSA) pour « manque d’honnêteté et de rigueur », la chaîne accumule les amendes. En juillet dernier encore, le Conseil d’État validait une sanction de 50 000 euros pour des statistiques tronquées sur l’insécurité, quelques mois après une condamnation inédite pour désinformation climatique. France 2 s’attarde sur ce modèle économique paradoxal où le buzz et les polémiques rapportent plus que ce que les sanctions ne coûtent.

Les experts interrogés, dont ceux de l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF), décryptent comment cette stratégie du « fait alternatif » est devenue un pilier structurel de l’antenne.

Pascal Praud et l’ombre de Bolloré

Au centre du jeu, deux hommes cristallisent les tensions.

D’un côté, Pascal Praud, l’animateur vedette de « L’Heure des Pros », dépeint comme le chef d’orchestre des obsessions de la chaîne sur l’insécurité et l’islam. De l’autre, Vincent Bolloré, le milliardaire breton dont l’influence s’étend désormais d’Europe 1 au JDD, construisant un empire médiatique aux allures de projet idéologique.

L’émission promet de démontrer que l’objectif de cet attelage n’est pas seulement de capturer du temps de cerveau disponible, mais de peser lourdement sur les scrutins à venir.

Si la direction de CNews se défend de toute manipulation, criant à l’acharnement du service public, ce numéro de Complément d’enquête pourrait bien marquer un tournant dans la perception du canal 16 par le grand public.

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