Stéphane Larue
Actus

Cartes de collection : quand le fisc réclame sa part du butin

Cartes de collection : quand le fisc réclame sa part du butin

L’euphorie autour des cartes Pokémon et Magic n’échappe plus à Bercy. Alors que le marché explose avec des ventes records, l’administration fiscale rappelle les règles : exonération sous 5 000 euros, taxation au-delà et statut professionnel pour les revendeurs frénétiques. Gare aux redressements sur ces nouvelles mines d’or.

« Attrapez-les tous », scandait le slogan culte, mais aujourd’hui, c’est le Trésor Public qui lance la chasse.

Si vous pensiez que vendre votre vieux Dracaufeu holographique était un jeu d’enfant, détrompez-vous. Selon les informations rapportées par Boursorama, l’administration fiscale surveille désormais de très près ce marché en pleine ébullition, où la nostalgie se transforme en manne financière.

Le secteur connaît une croissance effrénée de 18 % par an, dopé par des enchères millionnaires sur des cartes comme le Black Lotus de Magic ou le Pikachu Illustrator. La valeur ne dépend plus seulement de la rareté, mais de la « hype » sur les réseaux sociaux et surtout de l’état de conservation, certifié par des organismes comme PSA. Une simple carte « Gem Mint » peut ainsi voir son prix s’envoler, attirant inévitablement l’œil de Bercy.

Profil amateur : l’exonération a ses limites

Pour la majorité des passionnés, la bonne nouvelle est rassurante : le fisc sait se montrer clément.

Tant que le montant de la transaction reste inférieur à 5 000 euros, vous n’avez rien à déclarer. C’est le seuil de tolérance pour les ventes occasionnelles de particuliers, permettant de financer des vacances sans craindre une notification administrative.

Cependant, dès que ce plafond magique est franchi, la règle change radicalement. Pour une vente supérieure à 5 000 euros, une taxe forfaitaire s’applique sur le prix de cession. Le collectionneur doit alors s’acquitter de 6,5 % du montant total (6 % de taxe + 0,5 % de CRDS), une ponction directe qui transforme le gain net en revenu fiscalisable.

La ligne rouge : quand la passion devient commerce

Le véritable danger guette ceux qui multiplient les allers-retours spéculatifs.

Si l’administration juge que vos ventes sont régulières et constituent une source de revenus habituelle, vous basculez dans la catégorie des professionnels.

Dans ce scénario, fini le forfait avantageux. Les gains sont requalifiés en Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC), s’ajoutant à votre impôt sur le revenu classique. Pire encore, ces revenus deviennent soumis aux cotisations sociales, alourdissant considérablement la facture pour ceux qui pensaient simplement « flipper » des cartes Lorcana ou Yu-Gi-Oh! depuis leur salon.

Un marché sous haute surveillance

La frontière entre le collectionneur chanceux et le commerçant déguisé s’amincit de jour en jour.

Les plateformes de vente en ligne ont désormais l’obligation de transmettre certaines données au fisc, facilitant les recoupements automatisés pour débusquer les fraudeurs.

Face à cette transparence accrue, l’insouciance des années 2000 est révolue. L’avenir du collectionneur passera par une tenue rigoureuse de ses comptes, car si la valeur des cartes peut s’effondrer aussi vite qu’elle monte, la mémoire de l’administration fiscale, elle, ne faillit jamais.

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