Avec Apnée juvénile, Rodolphe Oppenheimer, petit-fils de l’homme d’État Edgar Faure, livre un récit intime et poignant sur les vertiges de la jeunesse. Mûri pendant dix ans, ce texte publié aux éditions Le Lys Bleu est une plongée sans filtre dans la mémoire, là où se forgent les premiers amours et les premières blessures.
Une quête universelle dans le tumulte des souvenirs
Loin de se contenter de l’ombre d’un grand-père illustre, Rodolphe Oppenheimer trace son propre sillon littéraire. Après plusieurs ouvrages remarqués, il choisit ici une voie plus personnelle, presque confessionnelle. Apnée juvénile n’est pas un simple roman, mais une exploration du territoire fragile de l’adolescence. L’auteur y aborde avec une sincérité désarmante la découverte du désir, le poids des figures féminines et la mélancolie face au temps qui passe.
Le titre lui-même est une métaphore puissante : la jeunesse est vécue comme une apnée, un moment de souffle suspendu où tout se révèle et s’asphyxie à la fois. Chaque page fonctionne comme un fragment de vie, un souvenir qui remonte à la surface pour éclairer une quête universelle : comment grandir sans se trahir, comment aimer sans se perdre ?
Entre Le Grand Meaulnes et la confession moderne
Le récit de Rodolphe Oppenheimer porte en lui les échos du Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, partageant avec ce chef-d’œuvre la soif d’absolu, la nostalgie des commencements et le sentiment des paradis perdus. On y retrouve cette vibration si particulière de l’adolescence, cet éblouissement face aux premières fois qui marquent une existence entière.
Cependant, Apnée juvénile se distingue par sa voix résolument contemporaine. L’écriture est tendre et lucide, faisant de l’aveu une forme de résilience. Pour l’auteur, qui est également psychanalyste, la littérature est un moyen de mettre en ordre le tumulte intérieur. Ce livre n’est pas seulement un regard sur le passé, mais une respiration nouvelle, une manière de transformer l’intime en universel, invitant chaque lecteur à reconnaître l’écho de ses propres apnées.
L’avis de la rédaction de Stéphane Larue
★★★★☆4/5
Un récit d’une sincérité rare qui touche à l’universel. Rodolphe Oppenheimer transforme la mémoire en une œuvre poétique et lucide sur le temps qui nous façonne.


