Oubliez votre carte bleue. En 2025, la véritable mine d’or des pirates, c’est votre historique de santé. Après la fuite massive de données touchant 33 millions de Français via les opérateurs Viamedis et Almerys, la menace a muté : elle ne vise plus seulement votre portefeuille, mais votre intégrité physique au cœur même des hôpitaux.
Imaginez une seconde.
Vous êtes sur la table d’opération. Le chirurgien s’apprête à inciser. Soudain, les écrans de contrôle virent au noir. Les respirateurs artificiels se déconnectent du réseau central. Le chaos. Ce scénario n’est plus de la science-fiction : c’est la hantise quotidienne des directeurs d’hôpitaux français.
La nouvelle mine d’or du dark web
Pourquoi les hackers s’acharnent-ils sur des structures de soins souvent à bout de souffle ? La réponse est cyniquement économique.
Une carte de crédit volée a une date de péremption. Une fois l’opposition faite, elle ne vaut plus rien (quelques euros à peine sur le marché noir). À l’inverse, vos données médicales sont éternelles. Votre groupe sanguin, vos antécédents génétiques, vos allergies ou vos addictions ne changent pas.
C’est un trésor inestimable pour le chantage.
Selon plusieurs experts en cybersécurité, un dossier médical complet peut se revendre jusqu’à 350 euros sur le dark web, soit 50 fois plus qu’un numéro de carte bancaire. Ces informations permettent de monter des arnaques ciblées d’une crédibilité terrifiante ou de faire chanter des personnalités sur leur état de santé réel.
Alerte rouge au bloc opératoire
Le danger a dépassé le simple vol de données. Il est devenu opérationnel.
Les cybercriminels déploient désormais des rançongiciels (ransomwares) qui ne se contentent pas de copier les données : ils chiffrent les systèmes vitaux de l’hôpital. L’objectif est de paralyser l’établissement pour forcer le paiement d’une rançon, souvent en millions d’euros.
L’impact est immédiat et dévastateur :
- Report d’opérations urgentes.
- Transfert forcé de patients en réanimation.
- Retour au papier et au crayon pour les prescriptions, augmentant le risque d’erreur humaine.
Récemment, l’hôpital de Cannes a dû annuler toutes ses opérations non urgentes suite à une attaque d’ampleur. Une preuve glaçante que le code informatique peut aujourd’hui mettre des vies en suspens.
Vos implants connectés sont-ils vulnérables ?
C’est la menace la plus insidieuse, celle qui se loge à l’intérieur de votre corps.
La médecine moderne repose sur l’IoMT (Internet of Medical Things). Pacemakers, pompes à insuline, défibrillateurs : ces bijoux de technologie sont connectés pour permettre un suivi à distance. Mais cette connectivité est leur talon d’Achille.
D’après un rapport alarmant de la société de sécurité Claroty, près de 89 % des hôpitaux posséderaient des dispositifs médicaux vulnérables connectés à leur réseau.
En théorie, un pirate situé à l’autre bout du monde pourrait modifier le dosage d’une pompe à insuline ou épuiser la batterie d’un stimulateur cardiaque. Si ces attaques restent pour l’instant extrêmement rares et complexes (« Killware »), la FDA américaine a dû durcir drastiquement ses normes en 2025 pour obliger les fabricants à sécuriser ces implants dès leur conception.
Les bons réflexes pour protéger sa santé numérique
Face à ce système sous tension, le patient n’est pas totalement impuissant.
La fuite de données Viamedis/Almerys a exposé les numéros de sécurité sociale de la moitié de la population française. Si vous en faites partie, la vigilance est votre seule armure.
Voici la marche à suivre impérative :
- Méfiez-vous des faux remboursements : Les pirates utilisent vos infos réelles (nom de votre mutuelle, numéro de sécu) pour créer des mails de phishing parfaits. Ne cliquez jamais sur un lien vous promettant un virement « oublié ».
- Doublez la sécurité : Activez systématiquement l’authentification à deux facteurs (2FA) sur votre compte Ameli et votre portail mutuelle.
- Ne payez jamais : Si un « hacker » prétend avoir votre dossier médical et demande une rançon, ne payez pas. Signalez-le immédiatement sur la plateforme Cybermalveillance.gouv.fr.
Votre santé est précieuse. Vos données le sont tout autant.
