L’ancien président contre-attaque par l’écriture. Nicolas Sarkozy publiera le 10 décembre « Le journal d’un prisonnier » chez Fayard, un récit intime de ses vingt jours de détention provisoire à la prison de la Santé, consécutifs à sa condamnation dans l’affaire du financement libyen.
« En prison, il n’y a rien à voir, et rien à faire. J’oublie le silence qui n’existe pas à la Santé où il y a beaucoup à entendre. »
C’est par ces mots, extraits de son futur ouvrage, que Nicolas Sarkozy brise le silence sur l’épreuve la plus humiliante de sa carrière politique.
L’ancien chef de l’État, libéré le 10 novembre dernier, a choisi la plume pour exorciser ce qu’il qualifie de « cauchemar ». Son livre, Le journal d’un prisonnier, sortira le 10 décembre aux éditions Fayard, fidèle partenaire de ses succès littéraires passés.
Il y raconte l’isolement paradoxal de la cellule, où le bruit est « hélas constant » et où « la vie intérieure se fortifie à l’image du désert ».
Le choc du mandat de dépôt
L’incarcération de l’ancien locataire de l’Élysée, du 21 octobre au 10 novembre 2025, marque un tournant historique et judiciaire.
Jamais un ancien président de la Ve République n’avait dormi derrière les barreaux en exécution d’une condamnation.
Les juges ont frappé fort en assortissant sa peine de cinq ans de prison d’un « mandat de dépôt à exécution provisoire ».
Cette mesure rare, justifiée par le tribunal par la « gravité exceptionnelle » des faits, a conduit Nicolas Sarkozy directement du palais de justice à la cellule, sans passer par la case liberté en attendant l’appel.
« C’est éreintant »
Loin des dorures de la République, Nicolas Sarkozy a découvert la rudesse du quartier des personnes vulnérables (QV) de la prison de la Santé.
Lors de son audience de demande de mise en liberté début novembre, il est apparu marqué, s’exprimant par visioconférence.
« C’est dur, c’est très dur… je dirais même que c’est éreintant », a-t-il confessé aux magistrats de la cour d’appel.
Malgré le choc, il a tenu à saluer l’attitude des surveillants. Il évoque un personnel pénitentiaire d’une « humanité exceptionnelle » qui a rendu cette épreuve « supportable ».
L’ombre de l’affaire libyenne
Cette détention fait suite à sa condamnation en première instance pour association de malfaiteurs.
Le tribunal correctionnel de Paris a établi qu’il avait sciemment laissé ses équipes solliciter le régime de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007.
Outre la peine de prison, il a écopé d’une amende de 100 000 euros.
Pour l’ancien président, cette décision n’est pas dictée par le droit, mais par « la haine ».
Rendez-vous judiciaire en 2026
Si Nicolas Sarkozy est aujourd’hui libre, son horizon judiciaire reste sombre.
L’appel, qu’il a immédiatement interjeté, suspend la peine mais pas la procédure.
Un nouveau procès-fleuve est déjà programmé : il se tiendra du 16 mars au 3 juin 2026.
D’ici là, Le journal d’un prisonnier servira de plaidoyer public pour un homme décidé à livrer sa version de l’histoire avant de retourner dans l’arène judiciaire.
