Stéphane Larue
Actus

Violences sexuelles à l’école : la charge accablante des parents parisiens

Violences sexuelles à l’école : la charge accablante des parents parisiens

Un collectif de parents de l’école maternelle Bullourde, dans le 11e arrondissement de Paris, signe une tribune explosive ce jeudi. Dénonçant une gestion calamiteuse des abus sexuels signalés au sein de l’établissement, ils visent directement l’inaction coordonnée de la Ville de Paris et de l’Éducation nationale.

« Nos enfants ne sont pas en sécurité. » Ce ne sont pas des mots en l’air, mais le constat glaçant dressé par le collectif de parents d’élèves de l’école maternelle Bullourde.

Au cœur de la tempête : une série de violences sexuelles présumées, commises par des animateurs périscolaires sur de très jeunes enfants durant l’année 2024-2025.

Depuis la rentrée, la situation a viré au cauchemar administratif. Trois animateurs ont déjà été suspendus au sein de ce seul établissement, dont l’un est visé par une plainte pour viol aggravé sur une fillette de 4 ans.

Face à l’horreur, les familles décrivent un mur de silence. Elles dénoncent aujourd’hui une gestion de crise marquée par l’opacité et l’amateurisme.

Un « manque de soutien » sidérant

Pour les parents signataires, la rupture de confiance est totale. Ils pointent du doigt des « conditions d’encadrement défaillantes » qui perdurent malgré les alertes répétées des années précédentes.

Leur colère se cristallise sur la réaction des institutions après la révélation des faits le 1er octobre dernier.

Alors que l’urgence commandait une prise en charge immédiate, les familles affirment avoir été laissées à l’abandon. Une rencontre avec une psychologue n’a été organisée que six semaines après les faits.

Pire, le collectif rapporte des consignes de silence absurdes. Des parents se seraient vu conseiller de ne pas aborder le sujet avec leurs enfants, tandis que des enseignants auraient reçu l’interdiction formelle d’en parler.

La réponse de la Mairie jugée « déconnectée »

Face au scandale qui enfle dans tout le 11e arrondissement, la Ville de Paris a tenté de reprendre la main en présentant un plan d’urgence.

La mesure phare ? La création d’un « Défenseur des enfants » parisien. Une annonce qui a immédiatement provoqué l’ire du collectif.

Pour les parents, ce dispositif est une coquille vide. Ils rappellent qu’une telle entité existe déjà au niveau national auprès du Défenseur des droits et qu’elle n’a aucune compétence pour traiter des dossiers pénaux.

Les autres mesures, jugées « surabondantes » ou déjà existantes, ne s’attaquent pas à la racine du mal : le recrutement.

Le recrutement des animateurs en accusation

C’est le point noir du dossier. Le collectif dénonce des pratiques de recrutement « totalement poreuses » qui permettent à des individus dangereux d’accéder aux écoles.

La pénurie d’animateurs à Paris pousse souvent à des embauches précipitées, parfois sans entretien approfondi ni vérification suffisante des antécédents au-delà du casier judiciaire vierge.

« Ce plan ne permet en rien de compenser un défaut de vigilance », tranchent les parents. Ils exigent une refonte totale des procédures d’embauche pour le personnel périscolaire.

Un appel à la coordination générale

Le sentiment d’abandon est renforcé par le jeu de « ping-pong » institutionnel entre la Mairie (responsable du périscolaire) et l’Éducation nationale (responsable du temps scolaire).

Les parents estiment que ces entités « se déchargent » l’une sur l’autre au lieu de protéger les élèves.

Leur tribune appelle à un plan de bataille commun incluant enfin le parquet et la préfecture de police, grands absents de la stratégie actuelle.

Sans une implication directe de la chaîne judiciaire, toute mesure restera cosmétique.

Pour ces familles, l’heure n’est plus à la concertation, mais à l’action radicale pour briser ce qu’elles nomment l’« attentisme » des pouvoirs publics.

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