Stéphane Larue
Insolites

Augsbourg : un loyer à 88 centimes contre trois prières

Augsbourg : un loyer à 88 centimes contre trois prières

Dans la cité allemande d’Augsbourg, le quartier historique de la Fuggerei propose des logements à moins d’un euro par an, en échange d’une assiduité religieuse quotidienne stricte.

C’est un véritable village fortifié au cœur de la ville bavaroise, avec ses murs d’enceinte, son église et ses portes qui se ferment la nuit.

La Fuggerei ne ressemble à aucun autre complexe HLM moderne.

Fondée en 1521 par le richissime banquier Jakob Fugger, cette cité sociale est la plus ancienne du monde encore en activité.

Pourtant, ce qui attire l’attention internationale, c’est son loyer défiant toute concurrence : 88 centimes d’euro par an.

Ce tarif immuable correspond à la valeur historique d’un florin rhénan, la monnaie utilisée il y a cinq siècles lors de la création du lieu.

Un contrat spirituel immuable

Mais cette quasi-gratuité financière s’accompagne d’une contrepartie spirituelle non négociable.

Pour obtenir les clés d’un des 142 logements, il faut impérativement être catholique et indigent.

Le règlement intérieur impose surtout un devoir quotidien surprenant : réciter trois prières par jour.

Chaque locataire doit prononcer un « Notre Père », un « Je vous salue Marie » et un « Credo » pour le salut de l’âme du fondateur Jakob Fugger.

Bien que l’assistante sociale Doris Herzog précise que « personne ne vient contrôler » l’exécution stricte de ces prières, le pacte moral reste le pilier de la communauté.

Selon le Midi Libre, qui relaie ces informations, le système repose entièrement sur la confiance et l’honneur des résidents.

Une liste d’attente qui s’allonge

Face à la crise du logement, ce modèle séculaire connaît un succès grandissant.

Actuellement, 134 habitants occupent les lieux, profitant d’appartements d’environ 60 mètres carrés.

Si la population est historiquement âgée, la direction cherche désormais à rajeunir la démographie en accueillant davantage de familles.

Cependant, l’accès à ce paradis locatif se mérite.

Il y a aujourd’hui 80 dossiers en attente, et les délais pour obtenir un logement se comptent souvent en années.

Pour les élus, la patience est le seul prix réel à payer pour vivre dans ce fragment d’histoire préservé de l’inflation.

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