Le Premier ministre dévoile un programme d’économies de 43,8 milliards d’euros pour 2026, incluant la suppression du lundi de Pâques et du 8 mai, suscitant immédiatement les menaces de censure de l’opposition.
François Bayrou a levé le voile ce mardi 15 juillet sur son plan budgétaire 2026, un exercice à haut risque politique dans un contexte de dette record.
Le chef du gouvernement a fixé l’objectif de ramener le déficit public de 5,8% à 4,6% du PIB en une année. Un défi qui nécessite de trouver 43,8 milliards d’euros d’économies, soit plus que les 40 milliards initialement évoqués.
L’État montre l’exemple avec 3.000 suppressions de postes
La fonction publique sera directement impactée par ces mesures d’austérité. François Bayrou a annoncé la suppression de 3.000 emplois publics dès 2026, appliquant la règle du « non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ».
Cette réduction s’inscrit dans une démarche plus large de réduction du « train de vie » de l’État. Les dépenses publiques seront gelées au niveau de 2025, à l’exception notable du budget de la défense qui bénéficiera de 3,5 milliards d’euros supplémentaires.
Le Premier ministre justifie cet effort par l’urgence de la situation : « Chaque seconde, la dette de la France augmente de 5.000 euros« , a-t-il martelé devant les médias au ministère de l’Économie.
« Année blanche » : gel total des prestations sociales
La mesure phare du plan Bayrou concerne l’instauration d’une « année blanche » pour 2026. Concrètement, aucune prestation sociale ne sera revalorisée par rapport à 2025.
Les pensions de retraite, les allocations familiales, le RSA et les APL resteront figés à leur montant actuel. Cette disposition touchera également les barèmes de l’impôt sur le revenu et de la CSG.
« En 2026, on aura exactement les mêmes montants des retraites pour chaque pensionné qu’en 2025 », a précisé François Bayrou. Cette mesure devrait générer 7 milliards d’euros d’économies selon les estimations du gouvernement.
Deux jours fériés dans le viseur du gouvernement
Dans une approche inédite, le Premier ministre propose la suppression de deux jours fériés pour relancer la production nationale. Le lundi de Pâques et le 8 mai sont directement ciblés par cette réforme.
« Le lundi de Pâques n’a plus de signification religieuse », a justifié François Bayrou, évoquant également un mois de mai « devenu un gruyère » avec ses nombreux jours non travaillés.
Cette suppression pourrait rapporter près de 4,8 milliards d’euros de recettes supplémentaires, d’après les extrapolations basées sur un rapport sénatorial de l’année dernière. Les négociations avec les partenaires sociaux restent ouvertes pour d’éventuelles alternatives.
Réforme de la santé et lutte contre la fraude
Le secteur de la santé n’échappe pas aux restrictions budgétaires. François Bayrou prévoit 5 milliards d’euros d’économies sur la sécurité sociale en 2026.
Les médicaments sans rapport avec l’affection longue durée du patient ne seront plus systématiquement remboursés à 100%. La franchise annuelle sur les médicaments sera doublée, passant à 100 euros.
Le gouvernement s’attaque également aux arrêts maladie prolongés. Dès 2026, la reprise du travail pourra se faire sans obligation de visite médicale du travail pour certains cas, permettant au médecin généraliste de statuer directement.
Contribution exceptionnelle pour les plus fortunés
Pour équilibrer l’effort demandé, François Bayrou a annoncé une « contribution de solidarité » visant les hauts revenus. Les modalités précises de cette taxation restent à définir par les commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Cette mesure s’accompagne d’une lutte renforcée contre « l’optimisation abusive des patrimoines non productifs », sans plus de détails à ce stade.
Opposition mobilisée : la censure en ligne de mire
Les réactions de l’opposition n’ont pas tardé après ces annonces. Marine Le Pen s’est montrée catégorique : « Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons ».
Le Rassemblement national dénonce un budget qui « s’en prend aux travailleurs et aux retraités » plutôt qu’à l’État lui-même. La France insoumise, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, réclame ouvertement le départ du Premier ministre.
Boris Vallaud, chef des députés socialistes, a qualifié le budget de « brutal et inacceptable », critiquant des mesures qui demandent « toujours plus à ceux qui ont peu ».
La rentrée parlementaire de septembre s’annonce houleuse pour François Bayrou, qui devra convaincre une Assemblée fracturée en trois blocs de soutenir son plan de rigueur. L’absence de majorité absolue rend l’exercice particulièrement périlleux pour l’avenir du gouvernement.



