Stéphane Larue
Actus

Têtes de porc devant des mosquées la piste d’une ingérence étrangère se confirme

Têtes de porc devant des mosquées la piste d’une ingérence étrangère se confirme
Police

Au lendemain de la découverte de têtes de cochon devant au moins neuf mosquées en Île-de-France, l’enquête progresse à grande vitesse et privilégie la piste d’une opération de déstabilisation menée par des ressortissants étrangers qui ont fui le territoire immédiatement après les faits.

L’essentiel à retenir

  • Des suspects étrangers identifiés. Selon le parquet de Paris, les auteurs sont des ressortissants étrangers qui ont fui la France juste après les faits.
  • Un trajet organisé. Les enquêteurs ont tracé un véhicule immatriculé en Serbie depuis la Normandie, où les têtes ont été achetées, jusqu’à Paris puis la frontière belge.
  • Une opération de déstabilisation. La justice enquête sur une provocation visant à « servir les intérêts d’une puissance étrangère » et à troubler l’ordre public.

Une fuite méticuleusement organisée

L’enquête, désormais centralisée par le parquet de Paris, a permis de retracer rapidement le parcours des auteurs. Tout a commencé chez un agriculteur normand qui a confirmé avoir vendu dix têtes de cochon à deux hommes circulant à bord d’un véhicule immatriculé en Serbie.

Grâce à l’exploitation de la vidéosurveillance, les enquêteurs ont pu suivre ce même véhicule jusqu’à Paris, dans le secteur d’Oberkampf, dans la nuit de lundi à mardi. Les images montrent ensuite deux individus déposant les têtes devant plusieurs lieux de culte musulmans. Selon le parquet, le suivi d’une ligne téléphonique croate utilisée par les suspects atteste de leur passage de la frontière franco-belge dès le mardi matin, quelques heures seulement après avoir commis ces actes de provocation.

La thèse de l’ingérence étrangère privilégiée

Pour la justice, le mobile ne fait que peu de doutes. Les investigations se poursuivent sous des qualifications pénales très précises, notamment pour « violences volontaires » à caractère religieux « commis dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère » et « provocation publique à la haine ».

Le parquet de Paris souligne que ces actes ont été commis dans « une volonté manifeste de provoquer le trouble au sein de la nation ». Cette analyse est partagée au plus haut niveau de l’État. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avait dès mardi évoqué des similitudes avec de précédentes affaires d’ingérence étrangère visant à fracturer la société française.

Un mode opératoire qui en rappelle d’autres

Ces actes islamophobes, survenus mardi 9 septembre, ont touché au moins neuf mosquées à Paris (XVe, XVIIIe et XXe arrondissements) et en proche banlieue à Montreuil, Gentilly, Malakoff et Montrouge. Sur l’une des têtes de porc, le nom « Macron » avait été inscrit, renforçant le caractère politique de la provocation.

Ce mode opératoire fait écho à d’autres événements récents attribués à des tentatives de déstabilisation étrangères. Les autorités font ainsi le parallèle avec les étoiles de David taguées sur des murs en région parisienne à l’automne 2023, ou encore les mains rouges peintes sur le Mémorial de la Shoah en mai 2024, des affaires pour lesquelles l’implication de commanditaires russes avait été suspectée.

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