D’ici le 31 décembre 2026, se garer en ville deviendra un défi encore plus grand. En application de la Loi d’orientation des mobilités, les communes françaises doivent supprimer toutes les places situées cinq mètres avant les passages piétons. Un chantier colossal visant à sécuriser la traversée des piétons, au prix de milliers d’emplacements rayés de la carte.
Vous avez peut-être remarqué ces marquages au sol effacés à la hâte ou l’apparition soudaine d’arceaux vélos au coin de votre rue.
Ce n’est pas une lubie de votre maire, mais une obligation nationale stricte.
Il s’agit d’un vaste plan de mise en conformité qui s’accélère partout en France. La voirie subit une « cure d’amaigrissement » forcée qui va mécaniquement accroître la tension sur le stationnement urbain.
Le compte à rebours est lancé
Le responsable de ce grand chambardement porte un nom administratif : la Loi d’orientation des mobilités (LOM), votée fin 2019.
Si le texte est ancien, son application devient urgente.
Cette législation impose une règle d’or (Article L. 118-5-1 du code de la voirie routière) que toutes les municipalités doivent respecter avant la date butoir du 31 décembre 2026.
Concrètement, la loi exige la neutralisation totale des cinq mètres situés en amont de chaque passage piéton. Aucun véhicule motorisé, deux-roues thermique compris, ne pourra plus stationner dans cette zone tampon. Pour les mairies, c’est une course contre la montre pour modifier des milliers de carrefours.
La visibilité avant tout
L’objectif du législateur n’est pas de punir l’automobiliste, mais de résoudre une équation de sécurité routière mortelle.
Le stationnement collé aux passages cloutés crée un « masque visuel » dangereux.
C’est particulièrement vrai avec la multiplication des véhicules hauts, comme les SUV ou les utilitaires, qui bloquent totalement le champ de vision. En reculant les voitures de cinq mètres, on dégage les angles morts.
L’idée est simple : permettre au conducteur de voir un enfant s’engager bien avant qu’il ne soit trop tard.
Inversement, cela permet aux piétons de scruter le trafic sans avoir à s’avancer dangereusement sur la chaussée. C’est ce que les urbanistes appellent la « visibilité mutuelle », un concept qui prime désormais sur le confort de stationnement.
Une saignée pour le stationnement urbain
L’impact arithmétique de cette mesure est vertigineux pour les automobilistes.
Dans les grandes métropoles comme dans les villes moyennes, ce sont des centaines, voire des milliers de places qui sont en train d’être supprimées.
Pour une ville de taille moyenne, cela peut représenter jusqu’à 7 % de l’offre totale de stationnement en surface.
À l’échelle d’une ville comme Paris ou Lyon, l’impact est massif.
Mathématiquement, la concurrence pour les places restantes va s’intensifier, transformant chaque créneau libre en une petite victoire personnelle. Il faudra désormais marcher un peu plus longtemps pour rejoindre sa destination.
Que vont devenir ces espaces ?
Pour les mairies, le défi est double : supprimer ces places et empêcher physiquement les voitures d’y revenir (le fameux « stationnement sauvage »).
La loi interdit le moteur, mais autorise d’autres usages.
C’est pourquoi vous voyez fleurir à ces endroits stratégiques des arceaux pour vélos, solution la plus économique et la plus logique pour favoriser les mobilités douces.
Mais ce n’est pas la seule option.
Certaines communes profitent de cet espace libéré pour installer des jardinières, des bancs ou planter de nouveaux arbres, luttant ainsi contre les îlots de chaleur. Si le paysage urbain promet d’être plus aéré et plus vert, la facture pour transformer ces milliers de trottoirs se chiffre souvent en millions d’euros pour les collectivités.
Cette transformation silencieuse de nos rues est inéluctable.
Il faudra intégrer cette nouvelle donne : la place « juste devant la boulangerie » appartient désormais au passé.
