Raphaël Quenard signe un premier roman glaçant avec « Clamser à Tataouine »

Raphaël Quenard transpose son cynisme électrique de l’écran vers les pages dans un thriller psychologique qui dérange autant qu’il fascine. Une plongée glaçante dans l’esprit d’un marginal devenu prédateur, portée par le style inimitable de l’acteur césarisé.

L’auteur et son univers créatif

Raphaël Quenard n’a cessé de surprendre depuis sa révélation en 2023. César de la meilleure révélation masculine pour « Chien de la casse » et nommé meilleur acteur pour « Yannick », cet acteur de 34 ans possède une personnalité artistique singulière. Né à Échirolles en 1991, il a d’abord étudié la chimie avant de devenir assistant-chercheur puis assistant parlementaire, parcours atypique qui nourrit aujourd’hui la richesse de son écriture. Son premier roman « Clamser à Tataouine », initialement écrit sous le pseudonyme Pierrot Tchitch, révèle un écrivain en devenir qui maîtrise parfaitement l’art de la provocation intelligente.

L’histoire qui nous captive

Le récit suit un jeune marginal qui, après avoir raté son suicide, décide de faire « salement payer l’addition de sa défaite » à une société qu’il tient responsable de tous ses maux. L’intrigue se déploie à Tataouine, où le protagoniste partage avec une expatriée française le manuscrit de ses confessions, présenté comme fiction mais révélant progressivement sa dimension autobiographique. Cette construction en mise en abyme crée une tension permanente entre réalité et fiction. Le narrateur s’immisce méthodiquement dans toutes les classes sociales pour dénicher des figures représentatives de cette société détestée et les éliminer, transformant son ressentiment en vengeance systématique.

Une écriture qui séduit

Lire « Clamser à Tataouine », c’est entendre Raphaël Quenard le prononcer, tant l’acteur a su transposer sa verve orale unique à l’écrit. Son style mélange argot retravaillé, inventions verbales délirantes et fulgurances philosophiques trash, créant un « geyser » d’expressions où le grotesque côtoie le sublime. Cette voix si particulière, souvent décrite comme « enrhumée » ou inclassable, trouve dans l’écriture un terrain d’expression parfait pour son phrasé unique mêlant élocution populaire et expressions surannées. L’auteur maîtrise parfaitement le rythme narratif, alternant moments d’introspection glaçante et passages d’action implacable.

Ce qui rend ce livre remarquable

Les critiques sont unanimes : « Un chef-d’œuvre d’humour noir saupoudré de psychologie » selon Paris Match, « une claque littéraire, une déflagration verbale » pour L’Officiel. Ce roman inclassable évoque tour à tour Céline, Despentes ou Victor Jestin, auteurs capables de mettre en scène des monstres modernes avec une simplicité glaçante. Quenard parvient à créer un « plaisir totalement coupable » chez le lecteur qui suit malgré lui les actions immorales de ce protagoniste anonyme. Le succès commercial est au rendez-vous : entré directement en 13e position des meilleures ventes dès sa sortie le 14 mai, confirmant l’engouement du public pour cette expérience littéraire déstabilisante.

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