«Salauds de pauvres» est en lui-même un concept. Le film est un long-métrage composé de courts métrages, écrits par autant d’auteurs différents. Chaque auteur est son propre réalisateur et a eu le choix de ses comédiens. Leur dénominateur commun : des auteurs dans leur temps, qui traitent de l’actualité sous un angle décalé pour montrer le côté insolite et absurde de certains aspects de la vie. Ils s’amusent de faits de tous les jours, retranscrivent la réalité de façon provocante ou non, toujours avec la même ambition de faire réagir. Miroir ou projection, «Salauds de pauvres» ne racontera pas une histoire, mais des histoires.
Film initié et produit par Frédéric Marboeuf
Douze réalisateurs et auteurs, une cinquantaine de comédiens, sept chefs opérateurs, cinq ingénieurs du son, quatre monteurs et presque deux cent cinquante techniciens ont travaillé dans l’urgence et l’enthousiasme sur des histoires de fiction, autour du fléau de la pauvreté. Douze histoires imaginées pour un film où l’humour noir et la provocation côtoient l’émotion.
L’expression « Salauds de pauvres » (normalement attribuée à Marcel Aymé et plus tard reprise par Coluche) est un cri qui s’adresse aux miteux qui font le jeu de la misère et qui exploitent plus malheureux qu’eux. Ce titre est plus que jamais d’actualité. Les récits proposés par différents auteurs dans ce film font état d’une société très affectée par la misère, la mendicité et la pauvreté.
LA COMÉDIE et LA FICTION restaient LES MEILLEURS MOYENS POUR SOULIGNER L’INTOLÉRABLE. Peut-être beaucoup plus troublant qu’un documentaire. Grâce au ton de la comédie, de la farce et de l’humour noir, la dénonciation est plus efficace : la critique sociale plus intense.
UN BEL OBJET NON IDENTIFIÉ
Et si l’on faisait tout ce qu’il ne faut pas faire ? Un film à sketches sur la pauvreté, sans lien dans la forme, comme si on avait puisé des nouvelles dans des recueils différents, sans identification réelle aux personnages, une variation sur la pauvreté et la richesse dans tous ses états. En rajouter, en trouvant des liens sur la corde raide et qui, dans leur déséquilibre, dynamitent le formatage.
Mais surtout, décider de faire confiance à l’humanité de la production, des auteurs, des réalisateurs, des comédiens, des techniciens, de l’industrie technique pour créer un ensemble.
Ce sont donc « des portraits en action sur la misère du monde », qui bousculent et qui nous ôtent tout confort.
Une forte pensée traverse le film et relie ces éléments hétérogènes : Ne se revendiquant d’aucune religion, apolitique, Le Secours Populaire rassemble des personnes de toutes origines et de toutes opinions qui mènent une large action contre la pauvreté et l’exclusion. Il semblait approprié que les bénéfices du film lui soient reversés.