Stéphane Larue
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L’architecte visionnaire Frank Gehry est mort à l’âge de 96 ans

L’architecte visionnaire Frank Gehry est mort à l’âge de 96 ans
Copie d'écran : Youtube du Centre Pompidou

Le monde de l’architecture perd l’une de ses figures les plus emblématiques. Frank Gehry, le créateur du musée Guggenheim de Bilbao et de la Fondation Louis Vuitton, est décédé vendredi à l’âge de 96 ans. Selon l’AFP, il a succombé à une maladie respiratoire dans sa maison de Santa Monica.

Une légende vient de tirer sa révérence.

Selon un courriel officiel de son bureau transmis à l’AFP, l’architecte américano-canadien s’est éteint « ce matin dans sa maison de Santa Monica ». Le communiqué précise que le décès est survenu à l’issue d’une courte maladie respiratoire, mettant fin à une carrière de plus de six décennies.

Considéré comme l’une des rares véritables superstars de sa profession, il a redéfini le paysage urbain mondial grâce à son style déconstructiviste unique. De la Fondation Louis Vuitton à Paris au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles, ses structures aux courbes de titane et de verre sont devenues des icônes instantanées. Son audace lui avait permis de décrocher le prix Pritzker en 1989, la plus haute distinction en architecture.

Il a tout simplement révolutionné son art.

De Toronto à l’avant-garde californienne

Né Frank Owen Goldberg à Toronto en 1929, il change de patronyme en 1954 pour devenir Frank Gehry. Une décision prise pour se protéger de l’antisémitisme alors qu’il entamait sa carrière aux États-Unis.

Diplômé de l’Université de Californie du Sud, il s’est par la suite formé à l’urbanisme à Harvard tout en servant dans l’armée américaine.

C’est avec sa propre résidence de Santa Monica qu’il impose sa marque de fabrique : le détournement de matériaux pauvres ou industriels. Il n’hésite pas à utiliser du grillage ou de la tôle ondulée pour créer une esthétique déstructurée. Cette approche radicale, qui a longtemps choqué les puristes, a fini par devenir la norme de l’avant-garde californienne des années 70 et 80.

L’effet Bilbao et le triomphe du numérique

L’inauguration du musée Guggenheim à Bilbao en 1997 marque un tournant décisif dans l’histoire de l’architecture moderne.

Qualifié de « plus important édifice de notre temps » par son confrère Philip Johnson, le bâtiment a insufflé une telle dynamique économique à la ville espagnole qu’on parle désormais d’« effet Bilbao ». Cette expression désigne la capacité d’un monument culturel exceptionnel à revitaliser entièrement une cité en crise.

Rien de tout cela n’aurait été possible sans l’informatique.

Frank Gehry a été un pionnier absolu dans l’utilisation de la modélisation par ordinateur pour concrétiser ses visions complexes. Cette technologie lui a permis de concevoir des structures défiant la gravité, comme la clinique Lou Ruvo à Cleveland (2010), où les façades semblent littéralement s’effondrer, témoignant de l’humour souvent présent dans son œuvre.

Le monde perd aujourd’hui son bâtisseur le plus libre.

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